Soutien à la famille du petit Othmane mort dans un ascenseur défectueux: pour la justice et contre les discriminations

Le 15 avril 2022 a eu lieu le procès d’Otis pour « homicide involontaire », suite au décès en 2015 d’ Othmane Esshaymi dans un ascenseur défectueux de son immeuble situé au 19, rue Blériot, à Mantes la Jolie, et géré par le bailleur Mantes en Yvelines Habitat.

La famille d’Othmane, qui demande justice depuis 2015, a dû faire face au mépris d’Otis et de l’office public Mantes en Yvelines Habitat, placé à l’époque sous la présidence de Jean-Michel VOYER, actuel conseiller communautaire de Grand Paris Seine et Oise. Le bailleur Mantes en Yvelines Habitat a été relaxé en première instance suite à sa dissolution ou plutôt son « absorption » en 2019 par Les Résidences Yvelines Essonne dont le président actuel est Pierre Bédier, ancien maire de Mantes la Jolie et président du Conseil Général des Yvelines.

Quant à la société Otis, condamnée en pour « homicide involontaire » en mai 2020, elle s’est   pourvue en cassation pour faire casser le jugement de première instance en 2021 pour un vice de procédure (ils n’avaient pas eu la parole en dernier lors du procès).

Pourtant, l’ensemble des éléments démontre une responsabilité flagrante du bailleur et d’Otis. En effet, le bailleur MYH n’avait pas fait son contrôle quinquennal de l’ascenseur et avait refusé un devis de réparation présenté par Otis. De son côté, la société Otis a fait réaliser un simple contrôle visuel de l’ascenseur la veille du drame. A tout cela s’ajoute les nombreux témoignages des habitants de l’immeuble et des gardiens sur l’état de l’ascenseur souvent en panne (parfois plus de 4 mois d’affilés), bloqué entre deux étages et dont les portes ne fermaient pas complètement.

La défense d’Otis n’a eu de cesse de blâmer la famille, en pointant le fait que l’enfant se soit trouvé seul dans l’ascenseur et de reporter la responsabilité du mauvais état des ascenseurs sur le comportement des habitants de l’immeuble.

Le drame qui frappe la famille d’Othmane et la façon dont les responsables de la mort du petit garçon de 7 ans  se défaussent est symptomatique du traitement infligé aux habitants des quartiers populaires : locataires quand il s’agit de s’acquitter de leur loyer mais pas au point d’avoir le droit  à des conditions de vie dignes et sûres pour eux même et leurs enfants.

D’autres familles ont perdu leur enfant dans des conditions similaires : Bilal, 4 ans est mort en 2001 dans la cage d’ascenseur vide de son immeuble de la Meinau à Strasbourg,  Fethi, 9 ans est lui aussi décédé suite à une chute dans une cage d’ascenseur vide dans un immeuble de Clichy sous Bois géré par Opievoy (devenu les Résidences Yvelines Essonne).

Confrontés à des pannes d’ascenseur récurrentes et qui durent des mois ou des semaines, à un sous-entretien des espaces communs et à une absence d’aménagement pour les personnes à mobilité réduite, nombreux sont les habitants des quartiers populaires qui se trouvent confrontés à un mur lorsqu’ils demandent au bailleur de faire son travail. A Bobigny (pour le bailleur Seine-Saint-Denis Habitat dans le quartier de l’Abreuvoir), à Villetaneuse (pour le bailleur France Habitation devenu Seqens dans la Cité Saint-Leu), à Bagnolet (pour le bailleur Logirep à la Capsulerie), à Angoulême (résidence Darras), les locataires dénoncent l’abandon dans lequel ils sont laissés par leur bailleur et parfois la municipalité. Et cette liste est loin d’être exhaustive. Cet abandon est le signe du mépris de classe et du racisme que subissent les habitants des quartiers populaires. Les histoires de ce type sont malheureusement banales au sein des quartiers à dominante HLM. Allez donc visiter un immeuble de Logirep à Levallois Perret, la réalité y est toute autre qu’à Bagnolet.  Pour les Offices Publics comme Mantes en Yvelines Habitat ou Seine-Saint Denis Habitat, la responsabilité est encore plus grande car ils sont adossés à une collectivité et que les sphères de décision sont à la main des élus locaux. La stigmatisation vient s’ajouter au mépris lorsque les bailleurs font porter la responsabilité des désordres sur le comportement des habitants, et cela arrive de manière quasi systématique.

Mais pour les locataires, c’est souvent l’organisation collective et la médiatisation qui permettent de créer un rapport de force et de faire bouger les choses.

Le drame qui a touché les familles d’Othmane, Bilal et Fethi est la finalité dramatique et insupportable de cet abandon au quotidien par les pouvoirs publics et la conséquence de la recherche du profit et de la rentabilité à tout prix des entreprises comme Otis ou des bailleurs, sur le dos des habitants de quartiers populaires.  Pour que plus jamais un enfant ne perde la vie, les bailleurs et les élus locaux doivent prendre leurs responsabilités et ils ne le feront que sous la pression des habitants des quartiers populaires. Ces derniers ont d’ailleurs bien compris qu’ils n’ont pas d’autres de choix que de s’unir pour ne pas subir.

Le FUIQP apporte tout son soutien au combat pour la justice et la dignité porté par la famille d’Othmane et sera présent le 24 juin au tribunal de Versailles pour le jugement d’Otis.

FUIQP Paris-Banlieue

23/04/2022