Militant historique des luttes de l’immigration et des quartiers populaires, Samir Elyes fait l’objet d’une enquête préliminaire pour « injure publique envers une administration publique ». Il lui est reproché le contenu de son intervention tenue lors de la Marche des Solidarités, rassemblement contre le racisme et les violences policières, le 20 mars 2021. Lors de sa prise de parole, il y dénonçait le racisme de la justice française, le traitement particulier réservé aux familles noires et arabes et la délivrance, par la justice, d’un « permis de tuer » aux policiers.
L’évocation
de ce « permis de tuer » qui vaut à Samir cette mise en
examen, est pourtant une réalité que dénoncent de nombreux
militants et associations depuis plusieurs décennies. Rappelons par
exemple que lors du procès opposant la Famille Khaïf au policier
Hiblot, le président de la FPIP [syndicat de police très à droite]
M. Philippe Biltauld, réclama le « droit
de tirer pour les policiers » (le courrier du 27 janvier
1999). L’acquittement du policier Hiblot, après 10 ans de
procédure, sonna comme une véritable reconnaissance de ce
« droit ». Celui-ci tua en effet M. Youssef Khaïf d’une
balle dans la nuque éliminant ainsi toute validité à l’argument
de « légitime défense ».
Samir
Elyes sait ce qu’il dit du fait de son expérience de plus de deux
décennies au sein de différentes organisations (Mouvement de
l’Immigration des Banlieues (MIB), Forum Social des Quartiers
Populaires (FSQP) et Comité Adama) toutes investies au
sein de différents « Comité Justice et Vérité ».
Il est particulièrement visé comme le démontre la mobilisation des
syndicats de police, de la droite et de l’extrême droite
accompagnée
et soutenue
par les médias pour dénoncer un discours qui « inciterait
à la haine et la violence ». Décrire et dénoncer une réalité
de violence devient ainsi « inciter à la violence ».
La
« judiciarisation » du discours de Samir n’est pas
isolée. Elle s’inscrit dans un contexte de criminalisation – des
associations, organisations, groupes et personnes œuvrant sur la
question du racisme, de l’accès aux droits et des libertés (CCIF-
Baraka city- UNEF-universitaires). Elle est connectée avec les deux
projets de loi complémentaires [sur la sécurité globale et contre
le pseudo séparatisme] visant à criminaliser les militants, à
réprimer la critique politique, à diffuser la peur et
l’auto-censure. En particulier le projet de loi contre le pseudo
séparatisme, rebaptisé « loi confortant le respect des principes
de la République », cible spécifiquement les quartiers
populaires, les personnes issues de l’immigration, les musulmans ou
apparentés comme tel. Véritable loi d’exception islamophobe, elle
prône l’arbitraire, le contrôle et la surveillance renforcée.
Elle s’appuiera sur la « loi sécurité globale »
prévoyant une augmentation des contrôles arbitraires et même la
participation de sociétés de surveillance privées.
Par
ces lois complémentaires ce gouvernement prépare une politique de
terreur pour certains, de « béni oui- oui » pour
d’autres, voire de « larbinisme » où la suspicion est
généralisée, abordant les habitants des quartiers de confession
musulmane (ou assimilés) comme ennemis de l’intérieur qui devront
montrer « patte blanche » pour avoir droit de cité.
L’amendement UNEF ajouté lors du passage de ce projet de loi au
Sénat, permettra de réprimer n’importe quel collectif au motif
d’une « mixité » insuffisante. Il s’agit ni plus ni
moins que de légaliser l’arbitraire, cet amendement permettant
d’invalider toute revendication issue des quartiers ou de
l’immigration notamment pour les comités « justice et
vérité » qui risquent de se voir dissoudre si le quota de
« blanchité » n’est pas respecté.
Les
accusations portées contre Samir sont indissociables de ce projet
politique global visant à empêcher l’expression politique de la
colère légitime des populations issues de l’immigration et des
quartiers populaires contre les discriminations et les violences
policières systémiques d’une part et à interdire leur
organisation autonome d’autre part.
Pour
toute ces raisons, le Front Uni des Immigrations et des Quartiers
Populaires (FUIQP) soutiendra Sami Elyes dans ce combat. Défendre
Samir c’est nous défendre nous-mêmes.
Soutenir
Samir ce n’est rien d’autre que défendre le droit à l’égalité,
à la justice et à la dignité pour tous.
Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires (FUIQP)
14/04/2021