L’œuvre négative du néocolonialisme français et Européen en Afrique. La francophonie

La diffusion de la langue française en Afrique est partie intégrante du projet colonial. Elle fait partie intégrante de l’ « œuvre civilisatrice » que prétendait apporter le colonialisme. La civilisation est, en effet, entendue dans le projet colonial, comme l’extraction de l’homme africain de ses cultures « barbares » pour le faire entrer dans l’histoire et dans la civilisation par l’assimilation. Les indépendances africaines de la décennie 60 voient ainsi arrivées au pouvoir des « élites » francophones dans des pays où les cultures et langues maternelles ont été asphyxiées quand elles n’ont pas été réduites à du folklore. Ce qui s’appelle déjà dès l’ère coloniale « francophonie » s’impose rapidement comme politique publique de maintien de la dépendance des élites et d’aliénation des masses populaires africaines.   

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L’œuvre négative du néocolonialisme français et Européen en Afrique. Les Accords de défense : de la Garnison à la Projection

« Irak, Syrie, Centrafrique, Sahel, les opérations militaires extérieures (OPEX) sont devenues une composante structurelle de l’activité opérationnelle des armées, en particulier de l’armée de terre ». C’est ainsi que le site officielle du gouvernement « Vie publique » qualifie les interventions militaires françaises à l’étranger. Le qualificatif de  « structurel » est particulièrement pertinent pour l’Afrique qui a été le théâtre de près de 60 interventions militaires françaises où dans lesquelles la France est impliquée depuis les indépendances. Il reflète également la place centrale du militaire dans les rapports qui se mettent en place lors des indépendances entre l’ancienne puissance coloniale et les nouveaux États indépendants.  La carotte de la « coopération » ne suffisant pas à assurer la pérennité du lien de dépendance, le bâton reste « une composante structurelle » pour la défense des intérêts français en Afrique. Le bâton des OPEX sert de chantage et de dissuasion pour ceux qui seraient tentés par une politique plus conforme aux intérêts des peuples africains d’une part et d’outil de nettoyage pour ceux qui ont osés se détourner du droits chemin français.

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L’œuvre négative du néocolonialisme français et Européen en Afrique. Les Accords de Partenariat Economique (APE) : De la Françafrique à l’Eurafrique

Saïd Bouamama

Au moment où se « négocient » les indépendances des colonies françaises d’Afrique centrale et d’Afrique de l’Ouest, la France met en place « un système de coopération » c’est-à-dire souligne le juriste Guy Feuer « un ensemble organisé et articulé d’éléments plus ou moins interdépendants[i] ». Le « traité de coopération et de défense » que la France signe formellement avec ses colonies est bâtit selon une architecture et un contenu unique. Il inclut l’ensemble des domaines de coopération (zone Franc, coopération commerciale et douanière, coopération culturelle, coopération militaire, etc.). Ce système s’impose en bloc pour l’ancienne colonie comme le souligne de manière paternaliste le premier ministre Michel Debré le 15 juillet 1960 s’adressant au futur président de L’État gabonais : « On donne l’indépendance à condition que L’État s’engage une fois indépendant à respecter les accords de coopération signés antérieurement : il y a deux systèmes qui entrent en vigueur en même temps : l’indépendance et les accords de coopération. L’un ne va pas sans l’autre[ii]. » La nature néocoloniale de ces accords sera explicitement reconnue par le président Giscard d’Estain 15 ans plus tard lors d’une interview concernant le sommet Franco-Africain du 10 mai 1976 : « Il faut enlever au concept de coopération la notion d’impérialisme sous toutes ses formes[iii]. » Il est vrai que cet aveu se faisait dans un contexte de combat de nombreux pays du tiers-monde pour un « nouvel ordre économique mondial ». Après avoir traité dans notre livraison précédente la partie consacrée à la zone Franc de ces accords de coopération, penchons-nous sur le volet commercial, économique et douanier.

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L’œuvre négative du néocolonialisme français et Européen en Afrique. Le Franc CFA, une monnaie coloniale, servile et prédatrice

Saïd Bouamama

Pour la première fois depuis les indépendances des manifestations publiques dans plusieurs pays d’Afrique (Dakar, Cotonou, Libreville, Bamako, etc.) et en région parisienne ont exigées la disparition du Franc CFA, une monnaie imposée au moment des indépendances à 14 pays par le colonialisme français. Portées par des mouvements de jeunes ces mobilisations marquent l’entrée en scène d’une nouvelle génération militante africaine. Ce n’est pas un hasard que ce soit le Franc CFA qui soit pris comme cible dans l’arsenal de mise en dépendance qu’impose le colonisateur dans la décennie 60. Toutes les autres zones monétaires coloniales ont, en effet, pris fin avec la dissolution de la dernière, la Zone sterling, en 1979[i]. Cette monnaie présentée par l’État français comme un symbole de la coopération apparaît de plus en plus pour ce qu’elle est : un symbole provocateur d’une  dépendance coloniale qui outre le CFA possède d’autres outils : la dette, l’Accord de Partenariat Économiques (APE), les accords de défense, la francophonie. « Tandis que les autres monnaies africaines symbolisent la rupture avec la colonisation et l’indépendance acquise au début des années 1960 par leur nom (naira au Nigeria, cedi au Ghana, dinar en Afrique du Nord), la monnaie qui circule de Dakar à Yaoundé en passant par Abidjan, Lomé, Bamako et Malabo continue de faire référence au colonisateur[ii] » résume le juriste  Yann Bedzigui.

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Ballade de débaptisation anticoloniale

De nombreuses rues de nos villes continuent de porter des noms d’esclavagistes, d’hommes politiques, de théoriciens racistes et d’assassins de masse coloniaux : le général Louis Faidherbe, le maréchal Lyautey, Jules Ferry, etc. Cette célébration, qu’elle soit consciente ou non, est une insulte aux peuples qui ont subi l’esclavage puis aux pays qui ont été colonisés. Cette glorification est perçue comme une humiliation pour les descendants devenus français de ces esclaves et de ces colonisés.

Il est urgent de décoloniser les noms de nos rues et places. Chaque année, le FUIQP organise une ballade anticoloniale pour débaptiser symboliquement quelques-unes de ces rues et les rebaptiser du nom d’antiracistes et d’anticolonialistes. Dans une ambiance familiale et conviviale, chaque arrêt sera l’occasion d’une réapparition d’une tranche d’histoire occultée.

DÉPART SAMEDI 2 JUIN à 10H00 GRAND PLACE

Suite à cette ballade, nous participerons à 17h00 Place de la République, à l’action du collectif Faidherbe doit tomber qui agit pour que la statue de l’assassin Faidherbe soit enlevée de cette place importante lilloise.

Art et colonialisme dans l’espace public à Lille et ailleurs

Depuis le 10 avril, un collectif d’associations lilloises réclame que l’on déboulonne la statue du général Faidherbe, figure brutale du colonialisme français du XIXe siècle en Algérie et au Sénégal. Parallèlement, au Sénégal, le Collectif sénégalais contre la célébration de Faidherbe est porteur de la même revendication concernant une statue du général Faidherbe présente à Saint-Louis. Ces initiatives convergentes permettent d’interroger l’utilisation de l’art et de l’espace public : Qui célèbre-t-on et au nom de quoi? En quoi la célébration de figures du colonialisme peut-elle constituer une violence?

Dans le cadre de la campagne « Faidherbe doit tomber » (https://faidherbedoittomber.org/) l’Atelier d’Histoire critique vous invite à discuter et à donner votre avis en compagnie de :
– Rodolphe Gauthier, écrivain, critique d’art et éditeur indépendant.
– Khadim Ndiaye, historien, membre du Collectif sénégalais contre la célébration de Faidherbe (via Skype).

La rencontre aura lieu à la médiathèque du Vieux Lille située 25-27 place Louse de Bettignies.
Elle est comme d’habitude, gratuite.

Retour vidéo sur les 8emes Rencontres nationales à Paris Mai 2018

Le 28 et 29 Avril se sont déroulé les 8émes rencontres nationales du FUIQP à Paris .  2 jours pour échanger s’organiser, et agir contre les dominations de classes, de genres et de races. Petit retour en image et interventions et des échanges  qui ont eu lieu sur la 1ere journée.

Table ronde 1 – Etats des lieux : le racisme et les discriminations aux centres des politiques étatique


Animation : MG, FUIQP 75
Thèmes :
– Discriminations des Chibanis
– Chasse aux migrants et aux sans-papiers
– Discriminations massives aux travail, assignations raciales dans certains secteurs, exploitation, hiérarchie raciale
– Comment lutter face aux discours et aux pratiques racistes ?

Interventions de MG, FUIQP 75 présentation de cette  table ronde

Intervention de Sidi Soumare, membre du Collectif Intégration 21

Intervention d’Omar Bouraha, responsable section Sud Industrie Carglass

Intervention d’Allioune Traore, membre du Collectif Intégration 21 et de la Coalition internationale des sans-papiers et migrantEs

Échanges avec la salle à la suite de la 1ere table ronde

Table ronde 2 – Pression et répression d’une lutte sociale urgente, l’antiracisme politique !

Thèmes abordés lors du débat:
– Attaques contre l’antiracisme politique
– Lutte contre les répressions « médiatiques » et « politiques »
– Lutte contre les violences policières et juridiques
– Commenter résister la répression des luttes d’émancipation ?

Intervention de Nacira Guénif-Souilamas militante sociologue universitaire sur l’état des luttes antiracistes.

intervention de  Ismahane Chouder, militante féministe et anti-raciste

Intervention de Sonya Nour, militante anti-raciste

Intervention de Fatima Ouassak, coordinatrice du Réseau Classe/Genre/Race

Échanges avec le public à la suite de la 2eme table ronde

Table ronde 3 – Avec les peuples en luttes contre l’impérialisme et le colonialisme

Thèmes abordés lors du débat:
– Kanaky/Nouvelle Calédonie
– Comores/Mayotte
– Palestine
– Rif

Présentation de la table ronde par Leila du FUIQP 75

L’œuvre négative du colonialisme français à Mayotte : Un îlot de pauvreté dans un océan de misère

Saïd Bouamama

L’idée que le colonialisme est une affaire du passé est fréquente dans le débat médiatique et politique. Des polémiques peuvent surgir sur « l’œuvre positive » ou au contraire sur le caractère de « crime contre l’humanité » de ce colonialisme mais elles concernent des séquences historiques du passé. Le mouvement social qui secoue Mayotte depuis plus de quatre semaines rappelle que le colonialisme français est encore une réalité contemporaine.

Rappelons que sur les 17 « territoires non autonomes » c’est-à-dire que les Nations-Unies considèrent comme devant être décolonisés, deux (la Kanaky et la Polynésie) sont occupés par la France. L’île de Mayotte pour sa part est considérée comme partie intégrante des Comores par la résolution 3385 du 12 novembre 1975 de l’assemblée générale des Nations Unies qui énonce : « la nécessité de respecter l’unité et l’intégrité territoriale de l’archipel des Comores, composé des îles d’Anjouan, de la grande-Comore, de Mayotte et de Mohél ». (1)

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