Contre l’invitation du suprémaciste hindou, Narendra Modi

Pour les célébrations de la fête nationale du 14 juillet 2023, Emmanuel Macron a décidé d’inviter et d’honorer le Premier ministre indien Narendra Modi, ancien cadre du RSS (Rashtriya Swayamsevak Sangh), organisation nationaliste hindou d’extrême-droite, fondée sur le modèle du parti nazi. Cette organisation suprémaciste constitue jusqu’à aujourd’hui la matrice du nationalisme hindou radical qui prône l’Hindutva ; c’est-à-dire la « purification » du sous-continent indien de tout ce qui n’est pas Hindou notamment de l’Islam et des musulmans.

C’est d’ailleurs des rangs de cette milice paramilitaire que fut issu l’assassin du Mahatma Gandhi en 1948, partisan d’une Inde  multiculturelle et multiconfessionnelle.

Aujourd’hui, le RSS continue de se rendre responsable de violences contre les chrétiens et les communistes, pouvant aller jusqu’au meurtre. Lors des manifestations de 2020 contre une réforme islamophobe voulue par le gouvernement de Narendra Modi, des miliciens du RSS ont mené des actions violentes contre des manifestants et des musulmans. Des actes de torture, des incendies, et diverses agressions ont été filmés. Certaines vidéos témoignent d’une complicité de la police. Ces affrontements ont fait, entre le 23 et le 28 février, 42 morts et plus de 200 blessés.

Concernant spécifiquement le Premier ministre indien, Emmanuel Macron ne peut ignorer que son invité fut l’instigateur d’un pogrom qui fit plus de 2 000 victimes parmi les musulmans du Gujarat lorsque Narendra Modi était à la tête de cet Etat de l’Union indienne en 2002. Ses mandatures depuis 2014 ont été marquées par une politique xénophobe à l’égard des minorités, principalement musulmane, ainsi que des violences et des pogroms réguliers à l’égard de cette dernière.

La politique répressive menée par Narendra Modi au Jammu-et-Cachemire, cet Etat à majorité musulmane du nord de l’Inde, est régulièrement comparée à celle que mène Israël à l’égard du peuple palestinien. Par décret du 5 août 2019, le gouvernement de Modi a révoqué l’Article 370 de la Constitution indienne qui garantissait à l’Etat du Cachemire indien une autonomie relative dans la gestion de ses affaires internes. Les manifestations au Cachemire ont été brutalement réprimées par le parlement indien, contrôlé par le parti de Modi : augmentation des effectifs militaires dans l’Etat occupé, arrestations des représentants élus locaux, imposition d’un couvre-feu, emprisonnement en masse de milliers de Cachemiris, et coupure des réseaux téléphoniques et internet.

Dans ce contexte, l’invitation de Modi n’est nullement fortuite, surtout au regard du parcours de ce dernier. Elle témoigne d’une réelle convergence de points de vue non seulement sur la question musulmane entre le pouvoir macronien et l’ancien cadre du RSS, mais d’une dérive autoritaire de pouvoirs se revendiquant tous deux démocratiques. Cette convergence islamophobe s’est manifestée au niveau international en 2022 lorsque la France et l’Inde se sont opposées en vain à l’institution d’une Journée internationale de lutte contre l’islamophobie par l’ONU, le 15 mars.

Ainsi, le Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires (FUIQP) condamne fermement l’invitation faite à un chef d’Etat ouvertement raciste et xénophobe qu’est Narendra Modi.

Le FUIQP affiche sa profonde solidarité à l’égard des minorités opprimées par l’ami d’Emmanuel Macron et soutient le combat des Indiens de toutes confessions ou orientations philosophiques qui dénoncent la politique autoritaire, raciste et xénophobe du suprémaciste hindou Narendra Modi.

Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires

13/07/2023

Commémorer la marche pour l’Égalité et contre le Racisme c’est refuser son instrumentalisation macroniste

Il y a 40 ans la marche pour l’Égalité et contre le Racisme suscitait une mobilisation inédite et un vent d’espoir dans l’ensemble de l’hexagone. Cependant les attentes investies dans la marche par les dizaines de milliers de participants se heurtèrent rapidement aux petites et grandes manœuvres de récupération, d’instrumentalisation et de neutralisation d’un État qui s’engage dans la séquence politique du néolibéralisme débouchant sur les processus de paupérisation, de précarisation, d’ethnicisation du débat public et destructeurs des services publics. La création et la promotion étatique de SOS Racisme conduisant à une folklorisation de l’antiracisme ne fut ainsi que la partie la plus visible d’un vaste processus idéologique visant à accompagner une régression sociale et politique sans précédent dont Emmanuel Macron n’est que le dernier continuateur et avatar. Quarante ans après, les petites et grandes manœuvres d’instrumentalisation de la mémoire de cette marche sont annoncées au plus haut sommet d’un État qui a pour caractéristique d’avoir une crise de légitimité inédite et grandissante.

Refusons de brader notre dignité

L’élan commémoratif sur le quarantième   anniversaire de la Marche est surprenant, pour ne pas dire suspect. Pourquoi un événement oublié par la plupart des Français fait-il son retour dans l’agenda politique ? 

 Bien sûr la marche pour l’Égalité et contre le Racisme mérite d’être commémorée du fait de sa signification politique, de son message, de ses revendications et des espoirs et attentes qu’elle a suscités. Cependant la différence absolue entre commémoration et instrumentalisation politique de celle-ci doit être posée nettement si nous ne voulons pas une nouvelle fois être des objets de l’Histoire écrite par les dominants et non des sujets de notre propre Histoire.

Non la marche pour l’Égalité ne peut pas se commémorer avec un gouvernement qui se prépare à faire voter une loi Darmanin sur l’immigration réactionnaire sur toute la ligne, banalise les violences policières, paupérise les classes et quartiers populaires tout en votant des crédits de guerre faramineux, poursuit une politique néocoloniale en Afrique, criminalise le mouvement social, crée les conditions d’une explosion du racisme en général et de l’islamophobie en particulier en récupérant dans son logiciel des termes et logiques argumentaires jusque là portés par l’extrême-droite, etc.

 Un tel gouvernement ne peut vouloir commémorer la marche pour l’Égalité qu’à des fins de communication relevant au mieux du marketing et au pire de l’instrumentalisation de la mémoire.

 Quel bilan peuvent en effet tirer de ces quatre décennies les acteurs et militants héritiers des luttes des immigrations et des quartiers populaires ?

Quarante ans plus tard, l’enjeu essentiel d’une République de la diversité et de l’Égalité reste central. Faire avancer l’Égalité en se mobilisant contre les inégalités sociales et les discriminations racistes reste un enjeu politique majeur.

 Aujourd’hui en France, des personnalités médiatiques et politiques de premier plan, jusqu’au plus haut niveau de l’État, attisent les haines et les peurs, agitant le spectre du  » séparatisme  » et l’épouvantail du  » grand remplacement  » qui menaceraient la République française  » une et indivisible ». 

 La stigmatisation principalement des populations des quartiers populaires: Arabes, Noirs, musulmans, Asiatiques, Rroms…, demeure un sport politique national. Il est relayé par certains médias à longueur de journée. Ces populations sont vues comme de potentielles ennemies de l’intérieur, d’autant plus lorsqu’elles tentent de résister à ces discriminations.

 Du Karcher de Sarkozy à la  « lutte contre le séparatisme » de Macron, la logique de construction des immigrations et des quartiers populaires en « boucs émissaires » puis en « ennemis de l’intérieur n’a fait que s’accentuer.

Force est de constater également que depuis quarante ans la situation socio-économique des quartiers populaires n’a cessé de s’aggraver, que les discriminations se sont généralisées, que le racisme s’est décomplexé au point d’engager une offensive sans précédent qui submerge les médias.

 Après ces quatre décennies d’une telle descente aux enfers, rien ne peut justifier la moindre collaboration avec un tel gouvernement et/ou ses institutions pour commémorer un évènement aussi important de notre histoire collective. Ni l’accès à des subventions pour l’occasion, ni la pseudo-reconnaissance publique de notre histoire, de certaines personnalités héritières de l’immigration ou de certaines associations, ne sauraient masquer que participer à une telle mascarade commémorative ne relève pas de la tactique et du compromis mais signifie la compromission et le bradage de notre dignité.

De quelle commémoration avons-nous besoin ?

Nous ne voulons pas d’une commémoration consistant à refuser de faire le lien entre hier et aujourd’hui c’est-à-dire à continuer à ne pas parler du quotidien des habitants des quartiers populaires qui s’est considérablement dégradé. A ne pas parler depuis des années d’un manque de politique publique criante.

Nous ne voulons pas d’une commémoration qui est silencieuse sur le racisme d’Etat, les violences policières systémiques, la précarisation de nos chibanis et chibanya, la chasse aux sans-papiers, la guerre à l’antiracisme politique et à ses militants, etc.

Nous ne voulons pas d’une commémoration qui construit la marche pour l’Égalité et contre le Racisme comme début de l’histoire en la coupant de ses racines de luttes antérieures. Loin d’être le début de l’histoire, la marche pour l’Égalité est un moment d’une histoire de luttes longues ayant des racines dans le mouvement de lutte pour les indépendances, dans le mouvement des travailleurs arabes, dans les multiples combats des travailleurs immigrés pour l’égalité des droits, etc. Ce sont ces luttes pour l’égalité et la dignité qui ont fécondé la marche pour l’Égalité et contre le Racisme qui, à son tour, a créé les conditions des luttes ultérieures.

La commémoration dont nous avons besoin est celle qui nous réinscrit dans cette filiation militante pour pouvoir la poursuivre. Cette histoire est un leg des générations militantes antérieures et un trésor précieux que nous ne pouvons pas brader pour un plat de lentille, pour l’accès à une reconnaissance factice et éphémère ou pour l’octroi de quelques postes subalternes de supplétifs.

Parce que nous restons attachés au message de la marche pour l’Égalité et contre le Racisme nous ne pouvons pas la commémorer avec un gouvernement et des institutions qui approfondissent les inégalités et produisent le terreau du racisme.

Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires

11/07/2023

Résister à l’oppression est un droit !

La préfecture du Val-d’Oise a exprimé sa volonté d’interdire la marche pour Adama Traoré prévue le samedi 8 juillet à Beaumont.

Le Comité vérité et justice pour Adama organise tous les ans une marche depuis la mort d’Adama le 19 juillet 2016. Depuis sept ans que le Comité organise cette marche, celle-ci s’est toujours déroulée sans incident.

Après le meurtre de Nahel Merzouk à Nanterre et les révoltes qui s’en sont suivies dans toute la France, les autorités veulent museler toute contestation dénonçant les crimes et violences policières ainsi que le racisme systémique dont elles sont l’une des faces les plus violentes.

Nous ne devons rien céder face à la répression étatique. Dénoncer les crimes racistes et le racisme systémique est un devoir pour nous tous. Résister à l’oppression est un droit sacré et inaliénable. Et nous organiser pour faire valoir nos droits est une nécessité.

Ainsi, le Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires (FUIQP) exprime une nouvelle fois sa profonde solidarité et son soutien au Comité vérité et justice pour Adama, qui est en butte à la répression étatique, dans sa lutte pour la justice.

Le FUIQP exprime également une nouvelle fois son soutien à tous les Comités de victimes de crimes et de violences policières qui luttent pour obtenir justice.

Le FUIQP appelle à participer à toutes les marches, à tous les rassemblements et autres évènements organisés dans les jours à venir pour dénoncer les crimes et violences policières, à commencer à la marche pour Adama du samedi 8 juillet à Beaumont.

Pas de justice – Pas de paix

Résister est un droit !

Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires

06/07/2023

Notre pays est en deuil et en colère

L’appel des collectifs, associations, syndicats et organisations politiques

Notre pays est en deuil et en colère. Le meurtre de Nahel tué par un policier à bout portant à Nanterre, a mis à nu les effets de décennies de politiques publiques discriminatoires et sécuritaires ciblant notamment les quartiers populaires et la jeunesse qui y grandit et particulièrement les personnes racisées et précarisées. L’escalade des violences est une impasse et doit cesser. La conception essentiellement répressive de la police, et l’évolution législative de 2017 sur l’usage des armes de service, aggravent ce que la population vit et subit que ce soit en termes de discriminations et de pratiques racistes.

Les tensions entre population et police viennent de loin et s’inscrivent dans une histoire marquée d’injustices, de préjugés, de violences, de discriminations, de sexisme… et d’un racisme systémique qui traverse l’ensemble de la société et qui n’est toujours pas éradiqué.

Les habitant·es des quartiers concernés et notamment les femmes pallient bien souvent seul·es les carences en termes de services publics. C’est bien la régression de ceux-ci, l’école, les lieux de partage et de culture, sportifs, la poste, les administrations etc. et le recul du soutien de l’État au tissu associatif qui ont largement contribué à marginaliser ces quartiers et des territoires entiers bien au-delà, particulièrement dans les Outre-mer.

L’abandon de ces populations de quartier est aggravé par le contexte économique d’appauvrissement, d’inflation, de hausse des loyers, des prix l’énergie et la réforme de l’assurance chômage. Les inégalités sociales touchent particulièrement les enfants et les mères isolées. C’est ce que montrent les révoltes qui ont secoué les quartiers populaires depuis quelques jours en réaction à la tragédie de Nanterre.

En plus de décennies de dérives d’une politique du maintien de l’ordre, de lois sécuritaires (loi sécurité globale, loi séparatisme…) et de mesures d’exception, nous assistons depuis quelques jours à des pressions du gouvernement pour mettre en place une justice expéditive. Le prononcé de mises en détention préventives systématiques avec des peines de plus en plus lourdes n’est pas acceptable !

L’urgence n’est pas celle de la répression qui ne fera que renforcer l’extrême-droite et fera reculer une fois de plus les droits et libertés.

L’apaisement durable n’est possible que si le gouvernement prend les mesures nécessaires pour répondre à l’urgence de la situation et aux exigences des populations concernées.

L’ONU a critiqué à plusieurs reprises les politiques sécuritaires et les problèmes institutionnels de racisme en France, en particulier dans les forces de l’ordre.

Ce sont les discriminations qui sont un poison toxique qui décrédibilise l’idée même d’égalité et sème le désespoir.

L’extrême droite en fait son lit pour diviser toujours davantage la société. Nous dénonçons l’appel à la guerre civile contre les quartiers populaires et la qualification des personnes qui en sont issues de « nuisibles » par des syndicats de policiers.

Nous condamnons la constitution d’une cagnotte de soutien au policier qui a tué Nahel à l’initiative d’un membre de l’extrême droite et l’absence de toute action du gouvernement, mettant ainsi de l’huile sur le feu.

Tout est à repenser et construire. Il faut partir de bases nouvelles, créer des espaces de discussions larges et tirer les leçons des erreurs des politiques publiques depuis des décennies, en respectant les histoires, parcours, cultures et singularités dont se nourrit notre aspiration collective à l’égalité. Il est plus que temps d’écouter et de prendre en compte les demandes des habitant·es des quartiers populaires et en particulier sa jeunesse !

La situation nécessite que le gouvernement prenne ses responsabilités et apporte des réponses immédiates pour sortir de l’affrontement :

  • l’abrogation de la loi de 2017 sur l’assouplissement des règles en matière d’usage des armes à feu par les forces de l’ordre ;
  • une réforme en profondeur de la police, de ses techniques d’intervention et de son armement ;
  • le remplacement de l’IGPN par un organisme indépendant de la hiérarchie policière et du pouvoir politique ;
  • la création d’un service dédié aux discriminations touchant la jeunesse au sein de l’autorité administrative présidée par le Défenseur des droits et le renforcement des moyens de lutte contre le racisme, y compris dans la police.

Rien ne peut cependant se faire sans un autre partage des richesses, sans lutter contre les inégalités sociales. Rien ne peut se faire sans la lutte contre la pauvreté et la précarité, aggravées par le dérèglement climatique, la hausse des loyers et des charges, et sans le renforcement des services publics et de l’éducation populaire. C’est à ces chantiers que le gouvernement devrait s’attaquer au lieu de mener des politiques publiques régressives qui font le lit de l’extrême droite.

Nos organisations syndicales, associations, collectifs, comités et partis politiques sont mobilisés pour le maintien des libertés publiques et individuelles.

Dans l’immédiat, nous appelons à rejoindre tous les rassemblements et marches autour de ces revendications, partout dans le pays à partir du mercredi 5 juillet, à l’exemple de la marche organisée par le Comité Vérité et Justice pour Adama le 8 juillet, à Beaumont-sur-Oise, et de celle de la Coordination Nationale contre les violences policières du 15 juillet.

Nous appelons à des marches citoyennes le samedi 8 juillet dans toute la France et les territoires ultra-marins.

LES SIGNATAIRES

Syndicats : CGT, CNT-Solidarité Ouvrière, Fédération Syndicale Étudiante (FSE), FSU, Solidaires Étudiant-e-s, Syndicat des Avocats de France, UNEF le syndicat étudiant Union, Syndicale Solidaires, Union Étudiante,

Associations : 350.org, Adelphi’Cité, Amnesty International France, Alternatiba, Alternatiba Paris, Les Amis de la Terre France, ANV-COP21, ATTAC France, Bagagérue, Conscience, Coudes à Coudes, DAL Droit au Logement, La Fabrique Décoloniale,FASTI (Fédération des Associations de Solidarité avec Tou- te-s les Immigrés-e-s), Fédération Nationale de la Libre Pensée, Fédération nationale des maisons des potes, Femmes Egalité, Fondation Copernic, Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigré·es), Greenpeace France, Jeune Garde Antifasciste, LDH (Ligue des droits de l’Homme), Memorial 98, Observatoire nationale de l’extrême-droite, Organisation de Solidarité Trans (OST), Planning familial, Réseau d’Actions contre l’Antisémitisme et tous les racismes-RAAR, REVES Jeunes, SOS Racisme, Une Idée dans la Tête, Union juive française pour la paix (UJFP), Vigilance et Initiatives Syndicales Antifascistes (VISA),

Collectifs : Alliances et Convergences, Assemblée des Gilets Jaunes de Lyon & Environs, Colère Légitime, Collectif civgTENON, Collectif des Écoles de Marseille (le CeM), Collectif national pour les Droits des Femmes, Collectif Nouvelle Vague, Collectif Vérité et Justice pour Safyatou, Salif et Ilan, Collective des mères isolées, Comité des Soulèvements de la Terre Sud-Essonne, Comité Local de Soutien aux Soulèvements de la Terre Aude, Comité Soulèvement Bas-Vivarais, Comité les Soulèvements de la Terre Lyon et environs, Comité local de soutien aux Soulèvements de la Terre Villefranche, Comité local de soutien aux Soulèvements de la Terre Romans-sur- Isère, Comité nîmois de soutien aux Soulèvements de la Terre, Comité de soutien à Moussé Blé, Comité justice et vérité pour Mahamadou, Comité Les Lichens Ardéchois, Comité Vérité et Justice pour Adama, Coordination des comités pour la défense des quartiers populaires, Démocra’psy, Dernière Rénovation, En Gare, Justice pour Othmane, La Révolution est en marche, La Terre se soulève en Corrèze, Le Peuple Uni, Les Soulèvements de la Terre – comité Île-de- France, Les Soulèvements de l’Entre2Mers (33), Lyon en lutte, Lyon Insurrection, Nîmes Révoltée, Réseau GBM, Rejoignons-nous, Collectif du 5 novembre – Noailles en colère (Marseille), Syndicat des quartiers populaires de Marseille, Collectif Justice pour Claude Jean-Pierre, Youth for Climate IDF,

Organisations politiques : ENSEMBLE ! – Mouvement pour une Alternative de Gauche, Écologiste et Solidaire, Europe Ecologie Les Verts (EELV), La France insoumise (LFI), Front Uni des Immigrations et des quartiers populaires (FUIQP), Gauche Ecosocialiste (GES), Génération.s (G.s), Nouveau parti anticapitaliste (NPA), Parti Communiste des Ouvriers de France (PCOF), Parti de Gauche (PG), Pour une Écologie Populaire et Sociale (PEPS), Parti Ouvrier Indépendant (POI) Réseau Bastille, Révolution Écologique pour le Vivant (REV), Union communiste libertaire (UCL),

Face aux assassinats policiers résister est un droit

Depuis le meurtre de Nahel Merzouk par un fonctionnaire de police le 27 juin, les banlieues de l’Hexagone s’enflamment. La rage et la colère accumulées depuis des années s’expriment dans un embrasement dévastateur. En face, le pouvoir sort massivement sa police – plus de 40 000 forces de l’ordre dont des unités « d’élites », comme le RAID, le GIGN ou la BRI, et des véhicules blindés – pour tenter de maintenir l’ordre.

Depuis trois nuits, les interpellations se sont multipliées. Elles représentent actuellement plusieurs centaines de personnes dans toute la France. Nous exprimons en premier lieu notre solidarité avec ses personnes et leurs proches dont le pouvoir risque de vouloir leur faire payer le prix de leur révolte face à l’injustice.

Aussi, nous, FUIQP, appelons à la solidarité active avec les personnes interpelées dans le cadre des révoltes en cours.  Des caisses peuvent d’ores et déjà être constituées afin d’aider les familles à payer les frais d’avocats, voire certains frais liés à la détention.

Nous, FUIQP, appelons également :

  • A la libération immédiate et sans poursuite de toutes les personnes interpellées dans le cadre des révoltes ayant suivi l’assassinat de Nahel ;
  • A l’abrogation de la loi de 2017 donnant un « permis de tuer » à la police ;
  • A la refonte de la police – notamment la dissolution des Brigades anti-criminalités (BAC), véritable police d’exception coloniale – et des doctrines de sécurité ;
  • A la démission immédiate de Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, qui affirmait « s’étouffer » – pour insulter les victimes de violences policières réellement mortes étouffées par des policiers – lorsqu’il entendait parler de violences policières.

Dans l’affaire du meurtre de Nahel Merzouk, le policier qui a tiré est aujourd’hui inculpé de meurtre et a été placé en détention provisoire. C’est une première étape dans un long parcours qui conduira, peut-être, à rendre justice au défunt et à sa famille. Mais qu’en est-il de son collègue que l’on entend l’inciter à « shooter » dans la vidéo ? Qu’en est-il du policier qui enjoignait, dans un langage explicitement raciste, une passante indignée par ce meurtre à « retourner en Afrique » ? Qu’en est-il du policier qui jette au sol un témoin ayant levé les bras en l’air ? 

La justice ne peut qu’être totale sinon elle n’est pas.

Sans justice, il ne saurait y avoir de paix. Et pour que justice soit faite, pour qu’il n’y ait plus de frères ou de sœurs assassinés par la police, nous avons le droit, et même le devoir, de lutter et de nous organiser. Comme l’affirmait Frederick Douglass : « Là où il n’y a pas de lutte, il n’y a pas de progrès »

Pas de justice – Pas de paix

S’unir pour ne pas subir

Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires

1/07/2023

Les meurtres des petits frères par la police : ça suffit !

Justice pour Naël et tous les autres

Une nouvelle fois nous sommes en deuil et en colère dans les quartiers populaires suite à l’assassinat d’un petit frère par un policier. Cette fois c’est à Nanterre que le jeune Naël âgé d’à peine 17 ans est abattu de sang-froid lors d’un contrôle de police comme le prouve une vidéo diffusée sur Twitter éliminant l’hypothèse de la légitime défense policière. Les images sont parlantes : il s’agit d’une exécution à bout portant. Tous les jeunes des quartiers populaires de l’hexagone savent qu’ils auraient pu être à la place de Naël et qu’ils pourraient l’être à l’avenir. C’est ce sentiment qui explique les révoltes qui se sont emparées de nombreuses villes de la région parisienne mais aussi de province.

Le FUIQP présente d’abord ses condoléances aux parents de Naël, à ses amis et aux habitants de son quartier. Il les assure de sa détermination à se mobiliser pour que justice soit faite pour Naël comme il se mobilise depuis de nombreuses années pour les très nombreuses victimes des violences policières systémiques. Rien que pour cette année, nous en sommes déjà à la quatorzième victime.

Le FUIQP souligne ensuite que les révoltes des jeunes des quartiers populaires suite aux meurtres des frères sont légitimes. Il ne peut y avoir de paix sans justice. Ce n’est que sur la base de la justice que les appels au calme qui se multiplient peuvent être pris au sérieux. Appeler au calme sans exiger les conditions minimums de justice c’est au mieux être naïf et au pire être hypocrite.

Comme d’habitude les « journalistes de préfecture » se sont empressés à reprendre la     version policière et à salir la victime. Comme d’habitude la thèse de la légitime défense policière a été avancée comme la seule crédible. Comme d’habitude la victime a été transformée en coupable. Ce scénario que nous ne connaissons que trop bien n’est possible que parce que depuis plusieurs décennies des ministres de l’intérieur banalisent les violences policières, promettent l’impunité aux policiers impliqués et diabolisent les quartiers populaires et leurs habitants.

C’est pourquoi le FUIQP appelle toutes les associations, partis ou mouvements, syndicats et collectifs à faire de l’assassinat de  Naël l’objet d’une mobilisation nationale durable exigeant :

  • La suspension immédiate du meurtrier et de son complice et leur mise en jugement rapide. Les faits présentés dans la vidéo suffisent à éliminer immédiatement ce policier des effectifs des forces dites de « l’ordre »,
  • Le retrait immédiat des forces de police des quartiers qui se sont révoltés dans lesquels elles se sont permises de casser des portes d’immeubles sociaux et de tirer des balles de LBD,
  • L’abrogation de la loi de 2017 sur la légitime défense que nous avons dénoncée avant même sa promulgation comme constituant un véritable « permis de tuer »
  • La démission du ministre de l’intérieur qui encourage depuis des années les passages à l’acte par ses propos irresponsables et mensongers sur l’immigration et les quartiers populaires

Nous appelons également toutes les militantes et tous les militants à être le plus présent possible ces jours-ci dans les quartiers qui se sont révoltés et lors des jugements des jeunes qui sont et seront interpellés pour témoigner [et visibiliser] des pratiques policières scandaleuses désormais banalisées en France. 

Pas de justice – Pas de Paix

Ne laissons pas les jeunes des quartiers populaires isolés face à la police

Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires

28/06/2023

La Méditerranée ne doit plus être un cimetière pour migrants

Dans la nuit de mardi à mercredi, un bateau de pêche transportant des migrants a chaviré dans les eaux internationales au large du Péloponnèse en Grèce. L’embarcation naufragée avait appareillé de Libye à destination de l’Italie. Ce nouveau drame a fait 78 morts.

Il n’est malheureusement pas le premier drame frappant les migrants qui tentent de franchir le mur migratoire de la Méditerranée. Fin février, 94 migrants étaient morts au large des côtes italiennes dans des conditions similaires. Il y a huit ans, le 18 avril 2015 à 193 km de l’île de Lampedusa, 1.022 migrants étaient déjà morts noyés.

De manière plus globale, selon l’Organisation Internationale pour les migrations (OIM), 25 080 migrants sont morts ou ont disparu en Méditerranée entre 2014 et 2023. Cela fait de la Méditerranée la route migratoire la plus mortelle au monde. Sur les 56 216 migrants qui ont disparu à travers le monde depuis 2014, près de la moitié sont mortes noyées en Méditerranée.

Face à ce nouveau drame, nombre de responsables politiques n’ont pas hésité à faire part de leur émoi. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’est dite « profondément attristée ». Les autorités grecques, qui mènent une politique xénophobe depuis des années, ont décrété trois jours de deuil national. Le ministre de l’intérieur français, Gérald Darmanin, a expliqué qu’il s’agissait d’un « échec collectif lorsque des personnes perdent la vie dans des conditions ignobles ». Il a ajouté que ce sont les « passeurs qui sont des criminels ». Même Marine Le Pen s’est permis de dénoncer un « drame épouvantable ».

Toutes ces larmes de crocodile visent à tenter de faire oublier que ce sont les politiques xénophobes et suprémacistes ambitionnant d’empêcher par tous les moyens l’entrée de migrants extra-européens, c’est-à-dire non-Blancs, sur le sol européen qui ont transformé depuis des décennies la Méditerranée en cimetière pour migrants.

L’accueil par l’Union européenne de plus de 8 millions de réfugiés ukrainiens – Blancs – depuis le déclenchement de la guerre montre que l’Europe est parfaitement en capacité de recevoir des migrants. Le problème de fond est la politique d’hygiène raciale menée par l’Union européenne et ses Etats membres. La proposition de loi sur l’immigration portée par Gérald Darmanin s’inscrit dans le cadre de cette politique xénophobe et suprémaciste.

Contre ces politiques xénophobes et suprémacistes qui ne peuvent conduire qu’à des drames humains, le FUIQP appelle à revoir les politiques migratoires afin de développer la solidarité et la fraternité entre les peuples.

Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires

18/06/2023

Non au retour de la double peine !

L’expulsion de Moussé Blé doit être replacée dans le contexte politique du racisme d’Etat qui a été renforcé ces dernières années par le gouvernement d’Emmanuel Macron en général et par son ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, en particulier.

En effet, la loi dite contre le « séparatisme » participe à la mise en place d’un droit d’exception pour les personnes musulmanes ou considérées comme telles. Cette loi que nous avons combattue et que nous devons continuer à combattre en tant que loi discriminatoire, a permis l’expulsion de Moussé Blé.

Cette loi permet de rétablir une pratique discriminatoire qui avait en partie été abolie grâce aux luttes de nos ainés, la double peine.

La double peine est une pratique discriminatoire qui permet d’expulser une personne de nationalité étrangère une fois qu’elle a purgé sa peine. Là où un citoyen français serait condamné une seule fois, un étranger est condamné deux fois : par une peine de prison et, à sa sortie, par son expulsion du territoire, même s’il a construit toute sa vie ici.

Cette pratique crée donc un droit d’exception, discriminatoire, pour les personnes qui n’ont pas la nationalité française.

Contre toute forme de droit d’exception qui s’appliquerait uniquement à une partie de la population en raison de sa nationalité, de son origine, de son sexe, de sa race ou/et de sa religion réels ou supposés, nous dénonçons la réinstauration de la double peine sous quelque prétexte que ce soit.

La seule alternative réelle à ce double standard est l’imposition d’une égalité réelle entre tous les être humains quelques soient leurs nationalités, leurs origines, leur sexe, leur race ou leur religion réels ou supposés.

Malheureusement, cette égalité reste un idéal pour lequel nous devons lutter. Nous devons lutter quotidiennement avec volonté et acharnement car nombreux sont ceux qui sont favorables au maintien d’une société inégalitaire car celle-ci leur procure des privilèges.

De ce fait, nous devons nous organiser localement mais également au niveau national pour défendre ce principe d’égalité de tou-te-s. La longue histoire des luttes anticolonialistes et des luttes de l’immigration nous rappelle cette nécessité de nous organiser.

Il y a presque un siècle Messali Hadj affirmait déjà que « si nous voulons vivre et vaincre, il faut qu’on s’organise ».

Aujourd’hui, le Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires veut participer à ce que l’on s’organise tant au niveau local qu’au niveau national afin de lutter pour une société plus égalitaire et plus juste.

Contre l’expulsion de Moussé Blé !

Contre la double peine !

Pour l’égalité de tou-te-s !

Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires – Paris Banlieue

25/02/2023

Combattre la négrophobie ici, là-bas, partout!

« Vous aurez beau essayé d’enterrer l’ombre, vous ne l’empêcherez pas d’apparaitre. » 

Proverbe Wolof 

Le « Grand Remplacement », complotisme des imbéciles…

Le 21 février dernier, à l’issue d’une réunion du conseil de sécurité nationale, la présidence tunisienne dénonçait, via un communiqué, la présence de «hordes des migrants clandestins » qui seraient la source de «violence, de crimes et d’actes inacceptables».

L’immigration clandestine en Tunisie y était également décrite comme une « entreprise criminelle ourdie à l’orée de ce siècle pour changer la composition démographique de la Tunisie », afin de la transformer en un pays « africain seulement» et estomper son caractère «arabo-musulman ».

L’exacerbation des tenions ethno-religieuses est, on le sait, un subterfuge particulièrement prisé des élites dirigeantes soucieuses de se maintenir au pouvoir, par tous les moyens. Il s’agit d’une arme de division et de diversion massive visant a détourner les masses des problèmes économiques et politiques fondamentaux.

De ce point de vue, l’invocation de la théorie conspirationniste et mortifère du «Grand Remplacement», revêt, pour le président tunisien, un double avantage:

– Premièrement elle permet a Kais Saïed, empêtré dans une dérive répressive et autoritaire touchant plusieurs plans de la société tunisienne, d’éviter de rendre des comptes par rapport à un bilan économique et politique particulièrement désastreux. Les migrants (légaux ou clandestins) constituent ainsi le bouc-émissaire idéal pour un régime aux abois. 

– Deuxièmement, elle évite de pointer du doigt le rôle néfaste d’un acteur (plus puissant) dont la responsabilité dans les «crises migratoires» que connaissent beaucoup de pays sur le continent est pourtant accablante : l’Union européenne. 


Les déracinés du capital dans l’étau des politiques criminelles de l’Union européenne 

La destruction de la Libye par les forces OTANiennes (dont la France) a créé un chaos durable dans la région et provoqué l’exode de plusieurs dizaines de milliers de migrants, pour la plupart subsahariens, vers les pays voisins, dont la Tunisie. 

Or, pour limiter l’arrivée sur son territoire de migrants fuyant les accords économiques iniques qu’elle impose aux pays africains (à l’image des APE) ou les guerres qu’elle y déclenche (au nom de la « responsabilité de protéger » ou de la « guerre contre le terrorisme »), l’Union européenne sous-traite ses politiques migratoires criminelles à plusieurs État Africains, voire à des milices impliquées dans la traite d’êtres humains, comme en Libye. Le massacre de plusieurs dizaines de migrants au Maroc en juin dernier est également une manifestation de ce business macabre et xénophobe mis en place par l’Union européenne, avec la complicité de certains relais africains.


Le racisme anti-Noirs au Maghreb : une hostilité qui vient de loin 

La déclaration du président tunisien sur «les hordes de migrants» participant d’un complot visant a estomper le caractère «arabo-musulman» de la nation tunisienne a instauré un climat de terreur négrophobe et déclenché des agressions verbales et physiques visant non seulement des migrants subsahariens, mais aussi des citoyens tunisiens dont le seul tort est d’avoir la peau noire. 

Aussi, s’il convient de pointer du doigt la responsabilité de l’Union européenne dans la déstabilisation de la région et la mise en place de politiques migratoires criminelles sous-traitées par des pays africains, la déferlante négrophobe actuelle en Tunisie, qui touche indistinctement, des migrants (légaux ou illégaux) et des citoyens dont la présence en Tunisie remonte à plusieurs millénaires nous rappelle une triste réalité; celle du racisme visant les populations noires dans plusieurs pays d’Afrique du Nord. 

Ce racisme est antérieur à la colonisation et lui a survécu. Il est notamment l’héritage du commerce des esclaves, qu’il est important de rappeler, en dépit des tentatives d’ instrumentalisation de la part de ceux qui cherchent à relativiser l’horreur que fut la traite transatlantique.  

De nos jours, ce racisme est également perceptible à travers les représentations caricaturales des Noirs véhiculées par le cinéma, la télévision, les plateformes numériques. 

Ce racisme anti-Noirs, nous le retrouvons parfois, hélas, dans nos quartiers. Si nous voulons être conséquents et cohérents, nous nous devons de le dénoncer et le combattre. 


Combattre la négrophobie ici, là-bas, partout!

Héritière des luttes menées par plusieurs générations d’immigration en France, le Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires (FUIQP) place au coeur de son engagement le combat contre le racisme et l’impérialisme. Pour être efficace dans ce combat, il convient, comme le disait Amilcar Cabral, de combattre nos propres faiblesses et de ne pas faire croire aux Victoires faciles. Le FUIQP dénonce avec la dernière énergie les déclarations négrophobes du président tunisien ainsi que les agressions visant les migrants subsahariens et les citoyens tunisiens noirs.

Nous saluons l’action des personnes et collectifs qui, en Tunisie et en France, se mobilisent contre ce racisme d’Etat.

Ensemble, il nous faudra poursuivre le combat contre la négrophobie ici, là-bas, partout.


S’unir pour ne pas subir!


Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires

3/02/2023

Immigrations et Quartiers Populaires: Le combat contre la réforme des retraites est aussi le nôtre

Un vaste, massif et beau mouvement social contre la réforme scandaleuse des retraites se déploie en France. Les premières grèves et manifestations ont été puissantes et à la hauteur des attaques contenues dans cette écœurante réforme et dans les régressions sociales qu’elle prévoit. Toutes les travailleuse et tous les travailleurs sont concernés mais comme dans toute régression sociale les plus dominés seront aussi les plus perdants. Ce sera le cas des femmes, des moins qualifiés, des travailleurs immigrés et de leurs descendants français.

Concernant les travailleurs immigrés et leurs enfants français trois raisons essentielles accroîtront encore plus que pour l’ensemble des travailleurs les effets régressifs de la réforme. La première est tout simplement une espérance de vie moindre liée aux conditions d’existence d’une part et à la pénibilité des emplois occupés pendant leurs carrières d’autre part. L’immigration jouant dans notre économie la fonction de variable d’ajustement structurel, elle se retrouve assignée aux emplois les plus pénibles, les moins protégés, les plus mal payés, etc. Cette fonction se reproduit pour les enfants français de ces travailleurs immigrés qui sont du fait des discriminations racistes systémiques touchant le monde du travail assigné aux mêmes types d’emplois de surexploitation.

La seconde raison est également en lien avec ces discriminations systémiques massives. Ces discriminations massives conduisent en effet à des carrières encore plus découpées que celles des autres travailleurs. Si le néolibéralisme qui domine depuis quatre décennies a précarisé fortement l’ensemble des travailleurs, les discriminations racistes ont amplifié le processus pour certains d’entre eux. De nombreuses études ont démontré que les immigrés comme les français issus de l’immigration sont surreprésentés dans les statistiques de l’intérim, des CDD, des contrats aidés, etc. La pénibilité des emplois occupés rend impossible de travailler au-delà de soixante ans et le caractère découpé des carrières empêche de réunir les trimestres exigés pour une retraite complète. Le résultat de cette contradiction est évident : comme de nombreux autres travailleurs mais avec une ampleur considérablement plus grande, les retraites ne seront pas complètes, elles ne seront que des retraites de misère. La surexploitation subie tout au long de la vie professionnelle se poursuivra par une retraite de misère et de pauvreté.

Enfin la politique migratoire néolibérale a d’une part supprimée quasiment toutes les possibilités légales d’immigration et d’autre part précarisée les titres de séjour. Un des résultats est la production des sans-papiers, figure contemporaine de la surexploitation. Après de nombreuses années sans- droits et sans-statuts, ils sont nombreux à être régularisés mais avec des trous énormes dans leurs carrières alors qu’ils n’ont pas cessé de travailler et d’être surexploités. Le projet de loi Darmanin sur l’immigration prévoit de surcroit de nouvelles restrictions des droits et de nouvelles précarisations du séjour conduisant à assigner ces travailleurs aux emplois de surexploitation et même à leurs employeurs sous peine de perdre le droit au séjour. Les effets sur la carrière, sur le nombre de trimestres et sur le montant des retraites seront logiquement massifs.

Pour toutes ces raisons le FUIQP appelle les immigrés et leurs descendants français à participer massivement au mouvement social commun. Il les appelle à prendre toute leur place dans les syndicats mais aussi à poser au sein de ceux-ci la question de la nécessaire inscription à l’agenda des mobilisations de leurs questions spécifiques : la prise en compte de la surexploitation, la lutte contre les discriminations racistes, le combat pour la régularisation des sans-papiers, la lutte contre le projet de loi Darmanin, etc.

Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires
10/02/2023