Immigrations et Quartiers Populaires: Le combat contre la réforme des retraites est aussi le nôtre

Un vaste, massif et beau mouvement social contre la réforme scandaleuse des retraites se déploie en France. Les premières grèves et manifestations ont été puissantes et à la hauteur des attaques contenues dans cette écœurante réforme et dans les régressions sociales qu’elle prévoit. Toutes les travailleuse et tous les travailleurs sont concernés mais comme dans toute régression sociale les plus dominés seront aussi les plus perdants. Ce sera le cas des femmes, des moins qualifiés, des travailleurs immigrés et de leurs descendants français.

Concernant les travailleurs immigrés et leurs enfants français trois raisons essentielles accroîtront encore plus que pour l’ensemble des travailleurs les effets régressifs de la réforme. La première est tout simplement une espérance de vie moindre liée aux conditions d’existence d’une part et à la pénibilité des emplois occupés pendant leurs carrières d’autre part. L’immigration jouant dans notre économie la fonction de variable d’ajustement structurel, elle se retrouve assignée aux emplois les plus pénibles, les moins protégés, les plus mal payés, etc. Cette fonction se reproduit pour les enfants français de ces travailleurs immigrés qui sont du fait des discriminations racistes systémiques touchant le monde du travail assigné aux mêmes types d’emplois de surexploitation.

La seconde raison est également en lien avec ces discriminations systémiques massives. Ces discriminations massives conduisent en effet à des carrières encore plus découpées que celles des autres travailleurs. Si le néolibéralisme qui domine depuis quatre décennies a précarisé fortement l’ensemble des travailleurs, les discriminations racistes ont amplifié le processus pour certains d’entre eux. De nombreuses études ont démontré que les immigrés comme les français issus de l’immigration sont surreprésentés dans les statistiques de l’intérim, des CDD, des contrats aidés, etc. La pénibilité des emplois occupés rend impossible de travailler au-delà de soixante ans et le caractère découpé des carrières empêche de réunir les trimestres exigés pour une retraite complète. Le résultat de cette contradiction est évident : comme de nombreux autres travailleurs mais avec une ampleur considérablement plus grande, les retraites ne seront pas complètes, elles ne seront que des retraites de misère. La surexploitation subie tout au long de la vie professionnelle se poursuivra par une retraite de misère et de pauvreté.

Enfin la politique migratoire néolibérale a d’une part supprimée quasiment toutes les possibilités légales d’immigration et d’autre part précarisée les titres de séjour. Un des résultats est la production des sans-papiers, figure contemporaine de la surexploitation. Après de nombreuses années sans- droits et sans-statuts, ils sont nombreux à être régularisés mais avec des trous énormes dans leurs carrières alors qu’ils n’ont pas cessé de travailler et d’être surexploités. Le projet de loi Darmanin sur l’immigration prévoit de surcroit de nouvelles restrictions des droits et de nouvelles précarisations du séjour conduisant à assigner ces travailleurs aux emplois de surexploitation et même à leurs employeurs sous peine de perdre le droit au séjour. Les effets sur la carrière, sur le nombre de trimestres et sur le montant des retraites seront logiquement massifs.

Pour toutes ces raisons le FUIQP appelle les immigrés et leurs descendants français à participer massivement au mouvement social commun. Il les appelle à prendre toute leur place dans les syndicats mais aussi à poser au sein de ceux-ci la question de la nécessaire inscription à l’agenda des mobilisations de leurs questions spécifiques : la prise en compte de la surexploitation, la lutte contre les discriminations racistes, le combat pour la régularisation des sans-papiers, la lutte contre le projet de loi Darmanin, etc.

Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires
10/02/2023