Marcher contre l’islamophobie et lutter contre ses causes réelles

La marche nationale contre l’islamophobie appelée pour le 11 mai par des dizaines d’organisations, associations, comités, partis, etc., répond à une nécessité indiscutable et au besoin d’unité la plus large qui en découle. C’est pourquoi le FUIQP marchera ! Mais les mobilisations contre l’islamophobie se doivent d’être davantage encore à la hauteur des enjeux auxquels nous sommes confrontés

L’assassinat d’Aboubakar Cissé révèle que l’islamophobie est devenue la figure première du racisme contemporain ; celle qui est fabriquée consciemment par le discours politique et médiatique dominant. Elle s’articule de surcroît avec une montée simultanée de la négrophobie, le Musulman et le Noir devenant les figures de l’ennemi intérieur à abattre.

Les ergotages multiples sur le mot « islamophobie » depuis des années et encore aujourd’hui d’une part et la négation ou la sous-estimation de son ampleur et de sa croissance exponentielle d’autre part, ont été des facteurs importants empêchant l’émergence d’une réponse à la hauteur des enjeux.

L’islamophobie qui vient de tuer Aboubakar Cissé n’est pas un racisme spontané venant d’en bas. Elle est le résultat de décennie de diffusion consciente à des fins politiques [produire des débats écrans pour masquer des questions sociales et politiques réelles, légitimer des interventions militaires extérieures dans des pays où l’Islam est la religion majoritaire, cliver les classes populaires pour les diviser, légitimer le soutien à l’Etat génocidaire israélien, etc.] d’un « racisme d’en haut » finissant par s’enraciner profondément. C’est en totale solidarité que nous nous associons à la demande de la famille de reconnaître comme terroriste le meurtre d’Aboubakar Cissé.

La fabrique politique de l’islamophobie s’est enclenchée dès 1982-1983 avec la campagne du Parti socialiste au pouvoir pour délégitimer les grèves des travailleurs immigrés en les présentant comme étant une manipulation « intégriste ». Elle prend son rythme de croisière avec le vote de la loi de 2004 sur l’interdiction des signes religieux à l’école qui ouvrait une « boîte de Pandore du racisme respectable» autorisant et suscitant des retours périodiques de séquences d’hystérie islamophobes. A partir de cette date, l’islamophobie est inscrite dans la loi sous le masque de la défense de la laïcité. Elle s’accélère par la multiplication des perquisitions, des dissolutions des collectifs de lutte contre l’islamophobie ou de soutien à la lutte du peuple palestinien, des débats orduriers sur les chaines de désinformation, etc. L’islamophobie meurtrière est le résultat logique de cet « arôme idéologique immédiat » comme dirait Antonio Gramsci.

L’ouverture des processus de dissolution de la « Jeune Garde » et d’« Urgence Palestine » dans le contexte du meurtre d’Aboubakar Cissé souligne que les forces sociales et politiques à la manœuvre ne sont pas près de s’arrêter. Elle confirme qu’une partie de la classe dominante envisage une séquence fasciste pour résoudre la crise de légitimité gouvernementale et prévenir la révolte sociale qui gronde.

C’est pourquoi si l’unité est nécessaire, la clarté l’est également. Lutter efficacement contre l’islamophobie suppose d’en combattre toutes les causes. Il n’y aura pas de recul durable de l’islamophobie dans ce pays sans remise en cause de son inscription dans le marbre juridique par la loi de 2004. Sans pousser la lutte contre l’islamophobie jusqu’à la remise en cause de cette loi, nous ne pourrons produire qu’un antiracisme édenté.

Ainsi, la conclusion est celle de la nécessité d’un mouvement autonome des immigrations et des quartiers populaires.

Le principe est résumé depuis longtemps par Nelson Mandela : « Tout ce qui se fait pour moi, sans moi, se fait contre moi ».

Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires

7/05/2025

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