La pandémie du Corona-virus est un excellent révélateur des inégalités de classe, de « race » et de genre du capitalisme mondialisé en général, et de la société française en particulier.
Les politiques économiques ultra-libérales ont, partout sur la planète, accru la vulnérabilité collective dans le même temps où elles ont fait exploser les profits des classes dominantes.
En France elles ont conduit à un affaiblissement des capacités de réaction du système de soin par une baisse continue des budgets dédiés à l’hôpital public.
En Afrique, en Amérique Latine et dans de nombreux pays d’Asie ces politiques ont été imposées par le FMI et la banque mondiale par le biais des Plan d’Ajustement Structurel du FMI et de la Banque mondiale, dont une des conditionnalités pour obtenir un prêt est la baisse des budgets sociaux et la privatisation des services publics.
Le démantèlement des services nationaux de soins dans les pays dominés du Sud annoncent une catastrophe inédite si la pandémie n’est pas jugulée entretemps. De manière similaire la politique de l’Europe forteresse, en fixant en masse les réfugiés fuyant la guerre dans des camps surpeuplés et défaillants en matière d’infrastructures sanitaires, produit et/ou produira un double résultat : une baisse de la capacité à juguler la pandémie d’une part et une sur-morbidité d’autre part. C’est-à-dire un véritable crime de masse.
Si le virus ne connaît pas par nature de frontières de classe, de « race » et de « sexe », nous ne sommes pas pour autant égaux devant la contamination possible. Si le nombre de victimes sera énorme, il ne sera pas également réparti. Le bilan macabre du Corona virus se déclinera également selon la classe, le sexe et l’origine.
D’ores et déjà il est possible de prédire au regard de leurs conditions d’existence et/ou de logement et/ou de travail une surreprésentation des SDF, des réfugiés, des pauvres, des femmes, des mal-logés, des précaires, des classes populaires, des immigrés et leurs héritiers français, etc. L’inégalité structurelle de classe, de « race » et de sexe est en quelque sorte traduite en inégalité devant la mort par le Corona virus.
Si dans les guerres du passé nous avions les tirailleurs africains et indochinois, nous avons aujourd’hui des tirailleurs du corona.
Le choix gouvernemental de maintenir au travail des millions de salarié-e-s dans des secteurs non essentiels pour préserver les profits est criminel. La limitation des stocks pour diminuer les coûts selon la logique ultralibérale l’est tout autant. Elle conduit à la pénurie des masques contraignant des millions de salarié-e-s à travailler (y compris dans les métiers de contact) et à utiliser les transports en commun sans protection.
Le bilan macabre étant incontournable, c’est désormais autour de son explication que se déploie l’offensive idéologique de l’Etat et de ses appareils. La mise en scène à longueur d’antenne et de discours officiels de l’irresponsabilité et de l’incivilité face au confinement a pour objectif de masquer les causes économiques et politiques de la catastrophe. Une telle mise en scène autorise en outre l’appareil policier à tous les abus dans les quartiers populaires pour mettre au pas les sauvages ou les sauvageons.
Plus que jamais l’heure est à l’organisation et à la mobilisation pour imposer un autre monde qui n’est pas seulement possible mais également nécessaire et urgent.