Résister à la criminalisation de la solidarité envers le peuple palestinien !
ضربني وبكي
وسبقني واشتكي
Il m’a frappé, et a pleuré
Puis il s’est empressé de m’accuser
(Proverbe arabe)
Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé son intention de demander la dissolution de deux associations défendant les droits du peuple palestinien : le collectif « Palestine Vaincra » de Toulouse et le comité « Action Palestine » de Bordeaux.
Si cette décision était confirmée, elle serait l’aboutissement d’un double processus sur lequel nous n’avons cessé d’alerter au cours de ces dernières années:
– d’une part, l’intense campagne de propagande que l’extrême droite israélienne et ses nombreux relais en France mènent depuis des années contre des organisations dont le seul crime est d’exprimer leur solidarité envers un peuple martyrisé : le peuple palestinien.
– d’autre part, une impitoyable chasse aux sorcières lancée par le gouvernement français contre plusieurs associations, en particulier celles dirigées par des citoyens musulmans ou supposés tels, au nom de la lutte contre le terrorisme, l’islamisme, ou encore le « séparatisme ».
Au-delà de l’accusation, désormais classique, de « soutien au terrorisme islamiste», systématiquement brandie pour discréditer des individus et des associations aux yeux de l’opinion publique, d’autres motifs invoqués par le ministre de l’intérieur ont de quoi laisser pantois.
En effet, Gérald Darmanin accuse le collectif « Palestine Vaincra » et le « Comité Action Palestine » de diffuser la « haine envers Israël ». MDR !
Rappelons qu’en décembre 2019, c’est au nom de la lutte contre la « haine envers Israël », grossièrement amalgamée avec l’antisémitisme, que l’Assemblée nationale adoptait une résolution (pour l’instant non contraignante), considérant comme « antisémite » le « traitement inégalitaire de l’État d’Israël, à qui l’on demande d’adopter des comportements qui ne sont ni attendus ni exigés de tout autre État démocratique ».
Prenons nos maîtres chanteurs de l’antisémitisme au mot. Nous accusera-t-on de « haine envers Israël » si l’on rappelle que l’État qui se targue, depuis des décennies, d’être la « seule démocratie du Moyen Orient » a été un des principaux et derniers soutiens du régime raciste et suprématiste d’apartheid en Afrique du Sud ? Quand le renard se met à prêcher, gare aux poules !
En 2012, Miri Regev, membre de la Knesset (le parlement israélien) déclarait que les migrants Africains, qualifiés d’ « infiltrés » par le gouvernement, sont « un cancer dans notre corps » ; une vision partagée par une bonne partie de la classe politique israélienne. Le rappel de tels faits nous vaudra-t-il d’être taxés de propagateurs de « haine envers Israël » ?
Si la lutte contre la « haine envers Israël » suppose de garder le silence face au véritable terrorisme d’Etat que subit le peuple palestinien depuis des décennies, alors les inconditionnels de la puissance occupante pourront continuer à nous considérer comme leurs adversaires : nous ne nous tairons pas !
Gérald Darmanin, qui a visiblement reçu plusieurs doses d’un vaccin hélas inefficace contre le ridicule, accuse également le comité « Action Palestine » de diffuser « le sentiment d’oppression des peuples musulmans » ou encore « l’idée d’une islamophobie à l’échelle internationale ». PTDR !
Darmanin cherche-t-il à nous faire oublier qu’il fait partie d’un gouvernement ayant lancé une croisade contre les « islamo-gauchistes » à l’université, au sein des partis politiques et dans les médias ? Nul besoin de se projeter à l’« échelle internationale » ; l’islamophobie qui sévit tous les jours en France ne relève nullement d’un « discours victimaire ».
A l’image des soutiens inconditionnels des gouvernements israéliens successifs, le ministre de l’intérieur français procède, de manière quasi-systématique, à une inversion accusatoire que le militant Afro-américain des droits humains, Malcolm X, avait parfaitement décrit en son temps : « si vous n’êtes pas vigilants, nous prévenait Malcolm X dans les années 1960, ils parviendront à vous faire détester les gens opprimés et aimer ceux qui les oppriment ».
C’est précisément parce qu’ils souhaitent demeurer vigilants face à l’oppression du peuple palestinien que le collectif « Palestine Vaincra » et le « Comité Action Palestine » sont aujourd’hui menacés de dissolution.
Face à cette nouvelle campagne de criminalisation de la solidarité envers les Palestiniens, mobilisons-nous !
N’en déplaise à Darmanin et aux soutiens inconditionnels du colonialisme israélien, nous continuerons notre « soutien inconditionnel » au droit du peuple palestinien de résister face à son oppresseur, l’État d’Israël.
Palestine vaincra !
Occuper est un crime, résister est un droit
Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires
27/02/2022