Le sénat vient de voter l’interdiction du port du hijab pour les mères accompagnatrices, l’interdiction du burkini dans les piscines et espaces de baignade publics ainsi que l’interdiction de port de signes religieux pour les mineures dans l’espace public.
L’heure est extrêmement grave. Le point de non-retour est atteint.
Profitant de nos émotions suscitées par des actes terroristes, le gouvernement, l’Assemblée Nationale et le Sénat continuent d’accuser et d’instrumentaliser l’islam, nos pratiques religieuses, nos corps. Ils s’attaquent à nos dignités et à nos libertés y compris de conscience, en instaurant toujours plus de restrictions, de contraintes et d’obligations pour les personnes musulmanes – notamment pour les femmes – faisant de nous des ennemis de l’intérieur. La loi contre ledit « séparatisme » ou « confortant les principes républicains » est une attaque sans précédent contre les droits des musulmans et musulmanes à pratiquer librement leur religion.
Nos enfants sont en danger. Et ce n’est pas l’islamisme qui les menace comme voudraient le faire croire les théories complotistes de notre gouvernement, mais bien l’État lui-même qui, dans ses institutions, notamment par le biais du projet de loi contre ledit séparatisme, légalise, normalise et amplifie les discriminations visant les femmes qui portent le voile. Depuis la loi de 2004, les mesures restrictives visant les femmes portant le foulard – qu’elles soient élèves, étudiantes, mères – ne cessent de s’empiler.
Avec ces lois, ce sont les femmes musulmanes que l’on cherche à contrôler, mais aussi nos enfants que l’on veut priver d’éducation et que l’on traumatise par d’innombrables scènes humiliantes et déshumanisantes.
Avec cette loi, le gouvernement Macron savait qu’il ouvrait plus grand encore la boîte de Pandore permettant une surenchère raciste sans fin. Le président de la République avait déjà déclaré que « le voile n’est pas conforme à la civilité dans notre pays ». Son gouvernement avait lancé la chasse aux soi-disant « signaux faibles de radicalisation » pour en réalité donner un signal fort aux franges électorales les plus racistes.
Plus que jamais, nous affirmons que les musulmans et musulmanes de ce pays ne seront pas les marchepieds des candidats à l’élection présidentielle qui portent ou alimentent les discours et les lois islamophobes.
Nous scruterons les propos et programmes électoraux des uns et des autres pour dénoncer localement et nationalement les postures islamophobes.
Après avoir rassemblé ce dimanche 21 mars, des milliers de personnes dans les rues de grandes villes en France, nous poursuivons avec le Front contre l’islamophobie et pour l’égalité des droits pour tou-te-s, notre combat pour exister à égalité de traitement et de droits.
Pour s’opposer à la loi contre le prétendu séparatisme !
Pour élever nos voix contre la surenchère islamophobe qui nous prive de nos droits fondamentaux !
Pour notre dignité et celle de nos enfants !
Quant à nous autres qui ne sommes pas visés par cet islamophobie d’État, nous sommes solidaires de ce texte porté par les premiers et premières concernés.
=> Pour signer la pétition
=> Premiers signataires :
Hassna Aalouach, journaliste et écrivaine
Gamal Abina, journaliste France Maghreb 2
Nadine Acoury, traductrice
Siham Andalouci, correctrice
Salah Amokrane, militant associatif
Verveine Angeli, militante syndicale et associative
Noureddine Aoussat, universitaire et imam
Sihame Assbague, journaliste et militante
Djamel Atallah, consultant en médiation urbaine
Jawad Bachare, militant antiraciste
Sana Belaïd, militante ALCIR
Youssra Ben Hamida, militante ALCIR
Sami Ben Jaffel, militant antiraciste
Farid Bennaï, militant FUIQP
Mohamed Bensaada, militant Syndicat quartier populaire Marseille
Fatima Bent, présidente de Lallab
Amel Bentounsi, collectif Urgence notre police assassine
Djamel Blanchard, militant des quartiers populaires et activiste décolonial et antiraciste
Saïd Bouamama, militant FUIQP et sociologue
Nadia Bouchenni, journaliste
Messaoud Boudjenoun, journaliste et écrivain
Abdelaziz Chaambi, président du CRI
Ismahane Chouder, enseignante et formatrice, féministe antiraciste
Sonia Dayan–Herzbrun, sociologue et professeur émérite à l’Université de Paris
Christine Delphy, féministe, antiraciste et sociologue
Laure Deroo, chargée de communication et militante MFJE
Issa Diara, militant BAN
Eric Fassin, sociologue à l’Université Paris VIII
Naouelle Garnoussi, militante antiraciste
Isabelle Garo, enseignante
Karima Ghaleb, infirmière et militante MFJE
Youssef Girard, historien
Nacira Guénif, professeure de sociologie et anthropologie à l’Université Paris VIII
Michelle Guerci, journaliste
Awa Gueye, collectif justice et vérité pour Babacar Gueye
Alain Gresh, journaliste
Fadoua Hachimi, militante ALCIR
Malika Hamidi, auteure et sociologue (EHESS)
Saad Jouini, militant décolonial et rédacteur en chef à Décolonial News
Widad Kefti, journaliste
Souad Khaldi, traductrice
Abdel-Wahab Ladmia, militant antiraciste
Fahima Laidoudi, militante politique anticapitaliste
Olivier Le Cour Grandmaison, politologue
Franco Lollia, militant BAN
Nadia Louachi, militante FUIQP
Yasser Louati, président du CJL
Majdelil, militante FUIQP
Moustapha Mansouri, Argenteuil Terre de Solidarité
Muhammad Miftah al Naïm, militant des quartiers populaires
Samir Mile, juriste
Farid Omeir, enseignant, membre de l’UDMF
Ghais Ourabah, maire adjoint d’Ivry et militant antiraciste
Marie–Odette Maryam Pinheiro, auteure
Virginie Proton, militante MFJE
Ali Rahni, éducateur spécialisé et militant associatif Roubaix
AbdouRahmane Ridouane, président de la mosquée de Pessac (Bordeaux)
Jocelyne Rajnchapel–Messaï, militante ALCIR
Claire Reinhardt, déléguée des parents d’élèves et militante MFJE
Moungi Rouaiguia, responsable CRI Marseille
Samra Seddik, sage-femme et militante associative
Zakaria Seddiki, consultant et conférencier
Omar Slaouti, militant FUIQP
Alioune Traoré, militant CSP 75
Liesel Trunzler, consultante juridique et militante pour les droits humains
Vanessa Vincenza, militante MFJE