La solidarité sans faille est une arme indispensable aux dominés

La convocation d’Anasse Kazib et d’autres militants de sa campagne aux présidentielles par la police est un révélateur de la nature de notre séquence historique. La procédure inique ouverte conte Anasse et ses camarades n’a d’autre objectif que celui d’intimider pour silencier. Le message est clair : taisez-vous sur les dominations et les injustices que vous subissez ou la répression s’abattras sur vous.

L’objectif est limpide à savoir instaurer et banaliser une logique maccarthyste pour faire taire toutes les voix discordantes dénonçant l’ignominie de l’ordre dominant. 


Ce qui arrive à Anasse aujourd’hui n’est pas un cas isolé. La répression à bas bruit de tous les collectifs ou associations refusant de se taire sur les injustices et les dominations est devenue la norme.  


Les interdictions et dissolution d’associations sont devenues monnaies courantes :  CCIF, CRI, Collectif Palestine Vaincra de Toulouse, Comité Action Palestine de Bordeaux, la fermeture administrative de la mosquée de Pessac, etc. Les tentatives de pénalisation des militants appelant à boycotter l’Etat d’Israël ne cessent pas de se multiplier. Les tentatives visant à criminaliser les militants syndicaux connaissent la même ascension exponentielle. Les oppositions à la politique de l’impérialisme français en général et en Afrique en particulier sont régulièrement stigmatisées de manière menaçante comme étant du soutien au terrorisme, au séparatisme, au jihadisme, etc.

Les faits reprochés sont à eux seuls significatifs de la période. Anasse et ses camarades sont accusés pour je cite « des faits d’organisation d’une manifestation sur la voie publique sans déclaration ». Il y a encore quelques années une telle poursuite aurait soulevé une mobilisation massive contre cette atteinte à la liberté de manifestation.

Les multiples rognements des droits démocratiques de cette dernière décennie au motif de la « lutte antiterroriste » ont ainsi banalisés le droit de regard sans limite de l’Etat sur les manifestations politiques et syndicales. Désormais Darmanin s’estime légitime pour trier les manifestations licite et illicites, halal et non halal.

Certes la loi le lui permet mais cela indique simplement qu’il ne faut pas confondre la légalité et la justice.

Face à un tel contexte il est urgent de retrouver les réflexes militants historiques adoptés dans le passé par tous les combattants contre la domination partout sur la planète. Ces principes sont simples et sont au nombre de trois :

L’attaque contre un militant est une attaque contre tous les militants

Le soutien contre la répression ne nécessite pas un accord sur toutes les positions défendues

La solidarité est toujours une arme des damnés de la terre.

Pour toute ces raisons le FUIQP se tient au côté d’Anasse et de ses camarades

Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires (FUIQP)
Paris, 03/03/2022

Non à la fermeture islamophobe de la mosquée de Pessac

Hier, la mosquée de Pessac a reçu une notification de fermeture administrative émanant de la Préfète de Gironde.

Cette volonté de fermer la mosquée de Pessac s’inscrit dans un contexte de répression contre les musulmanes et les musulmans : dissolutions d’associations de lutte contre l’islamophobie (CCIF et CRI), fermetures de lieux de culte musulman, vote de la loi d’exception contre le soi-disant « séparatisme », réorganisation du culte musulman sous la tutelle du ministère de l’Intérieur en violation de la loi de 1905 sur la séparation des cultes et de l’État, etc.

La campagne présidentielle charrie avec elle une nouvelle vague de propositions islamophobes allant de l’interdiction du hijab lors des compétitions sportives à l’expulsion de plusieurs millions de musulmans, suivant la « théorie » dite du « grand remplacement ».

Cette notification de fermeture administrative d’un lieu de culte musulman est donc une nouvelle atteinte portée aux libertés fondamentales en générale et aux libertés de conscience et de culte en particulier.

Les musulmanes et les musulmans ne sont pas des sous-hommes que l’État pourrait priver de leurs libertés fondamentales. Celles-ci leur sont garanties par la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Nous condamnons donc fermement la volonté préfectorale de fermer la mosquée de Pessac. Nous apportons également notre soutien fraternel à aux responsables de cette mosquée ainsi qu’aux musulmanes et musulmans de Pessac qui risquent de se voir privés de lieu de culte à l’approche du mois de ramadan.

Nous appelons tous les citoyennes et citoyens, toutes les organisations, partis et associations, attachés aux droits démocratiques à se mobiliser pour que cesse cette dérive maccarthyste aujourd’hui essentiellement limitée aux musulmans ou supposés tels mais qui ne peut que s’étendre demain à toute contestation de l’injustice de notre monde.

Se taire c’est cautionner;

Non à la fermeture de la mosquée de Pessac ;

Non à la gestion coloniale de l’islam et de musulmanes et des musulmans !

Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires

27/02/2022

Soutien au collectif « Palestine Vaincra » et au « Comité Action Palestine », aujourd’hui menacés de dissolution

Résister à la criminalisation de la solidarité envers le peuple palestinien !

ضربني وبكي

وسبقني واشتكي

Il m’a frappé, et a pleuré

Puis il s’est empressé de m’accuser

(Proverbe arabe)

Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé son intention de demander la dissolution de deux associations défendant les droits du peuple palestinien : le collectif « Palestine Vaincra » de Toulouse et le comité « Action Palestine » de Bordeaux.

Si cette décision était confirmée, elle serait l’aboutissement d’un double processus sur lequel nous n’avons cessé d’alerter au cours de ces dernières années:

–       d’une part, l’intense campagne de propagande que l’extrême droite israélienne et ses nombreux relais en France mènent depuis des années contre des organisations dont le seul crime est d’exprimer leur solidarité envers un peuple martyrisé : le peuple palestinien.

–       d’autre part, une impitoyable chasse aux sorcières lancée par le gouvernement français contre plusieurs associations, en particulier celles dirigées par des citoyens musulmans ou supposés tels, au nom de la lutte contre le terrorisme, l’islamisme, ou encore le « séparatisme ».

Au-delà de l’accusation, désormais classique, de « soutien au terrorisme islamiste», systématiquement brandie pour discréditer des individus et des associations aux yeux de l’opinion publique, d’autres motifs invoqués par le ministre de l’intérieur ont de quoi laisser pantois.

En effet, Gérald Darmanin accuse le collectif « Palestine Vaincra » et le « Comité Action Palestine » de diffuser la « haine envers Israël ». MDR !

Rappelons qu’en décembre 2019, c’est au nom de la lutte contre la « haine envers Israël », grossièrement amalgamée avec l’antisémitisme, que l’Assemblée nationale adoptait une résolution (pour l’instant non contraignante), considérant comme « antisémite » le « traitement inégalitaire de l’État d’Israël, à qui l’on demande d’adopter des comportements qui ne sont ni attendus ni exigés de tout autre État démocratique ».

Prenons nos maîtres chanteurs de l’antisémitisme au mot. Nous accusera-t-on de « haine envers Israël » si l’on rappelle que l’État qui se targue, depuis des décennies, d’être la « seule démocratie du Moyen Orient » a été un des principaux et derniers soutiens du régime raciste et suprématiste d’apartheid en Afrique du Sud ? Quand le renard se met à prêcher, gare aux poules !

En 2012, Miri Regev, membre de la Knesset (le parlement israélien) déclarait que les migrants Africains, qualifiés d’ « infiltrés » par le gouvernement, sont « un cancer dans notre corps » ; une vision partagée par une bonne partie de la classe politique israélienne. Le rappel de tels faits nous vaudra-t-il d’être taxés de propagateurs de « haine envers Israël » ?

Si la lutte contre la « haine envers Israël » suppose de garder le silence face au véritable terrorisme d’Etat que subit le peuple palestinien depuis des décennies, alors les inconditionnels de la puissance occupante pourront continuer à nous considérer comme leurs adversaires : nous ne nous tairons pas !

Gérald Darmanin, qui a visiblement reçu plusieurs doses d’un vaccin hélas inefficace contre le ridicule, accuse également le comité « Action Palestine » de diffuser « le sentiment d’oppression des peuples musulmans » ou encore « l’idée d’une islamophobie à l’échelle internationale ». PTDR !

Darmanin cherche-t-il à nous faire oublier qu’il fait partie d’un gouvernement ayant lancé une croisade contre les « islamo-gauchistes » à l’université, au sein des partis politiques et dans les médias ? Nul besoin de se projeter à l’« échelle internationale » ; l’islamophobie qui sévit tous les jours en France ne relève nullement d’un « discours victimaire ».

A l’image des soutiens inconditionnels des gouvernements israéliens successifs, le ministre de l’intérieur français procède, de manière quasi-systématique, à une inversion accusatoire que le militant Afro-américain des droits humains, Malcolm X, avait parfaitement décrit en son temps : « si vous n’êtes pas vigilants, nous prévenait Malcolm X dans les années 1960, ils parviendront à vous faire détester les gens opprimés et aimer ceux qui les oppriment ».

C’est précisément parce qu’ils souhaitent demeurer vigilants face à l’oppression du peuple palestinien que le collectif « Palestine Vaincra » et le « Comité Action Palestine » sont aujourd’hui menacés de dissolution.

Face à cette nouvelle campagne de criminalisation de la solidarité envers les Palestiniens, mobilisons-nous !

N’en déplaise à Darmanin et aux soutiens inconditionnels du colonialisme israélien, nous continuerons notre « soutien inconditionnel » au droit du peuple palestinien de résister face à son oppresseur, l’État d’Israël.

Palestine vaincra !

Occuper est un crime, résister est un droit

Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires

27/02/2022

Résister au « grand suprémacisme »

La scène politique française est marquée par un ralliement grandissant de différents acteurs à la « théorie » suprémaciste dite du « grand remplacement ». Celle-ci postule que la population blanche de culture judéo-chrétienne serait en train d’être progressivement « remplacée » par des populations non-blanches majoritairement de culture musulmane au cœur même des nations occidentales.

Trois candidats de droite et d’extrême-droite font explicitement référence à cette « théorie » inventée par le suprémaciste Renaud Camus. Le président de la République lui-même y ferait fréquemment référence lors d’échanges avec ses collaborateurs, comme en témoigne son biographe, le journaliste Marc Endeweld. Cette « théorie » suprémaciste infuse désormais bien au-delà de l’extrême-droite et de la droite pour s’incruster au cœur de l’espace public français.

Certains nous diront que les « digues » devant contenir le discours de l’extrême-droite la plus ouvertement raciste sont en train de sauter. Nous pensons que ces « digues » ne sautent pas car elles n’ont jamais réellement existé comme le prouve le silence assourdissant d’une grande partie du mouvement social lors du vote de la loi d’exception sur le soi-disant « séparatisme ».

Les « digues » contre le processus réactionnaire actuel et ses dimensions de fascisation ne peuvent être que de nature politique et ne sont fonction que du rapport des forces idéologiques. Les concessions de ces dernières décennies à l’islamophobie – de la loi de 2004 en passant par la négation de l’existence de cette forme du racisme et aux débats à répétition sur le voile, le burkini, la viande halal, etc. –, ont crées le terrain propice pour le déploiement de l’affirmation d’un danger civilisationnel porté par les Africains et/ou les Musulmans. Elles constituent le socle à partir duquel se banalise et se popularise une conception raciste du monde.

Nous ne discuterons pas ici de la véracité de la « théorie » dite du « grand remplacement » qui a été plus d’une fois dénoncée comme étant une pure élucubration de suprémacistes se donnant pour but de répandre la haine des non-Blancs. En réalité, cette « théorie » a d’abord un but pratique. Elle aspire à susciter une réaction de « défense » au sein d’une population blanche à qui il faut faire croire à une menace pour son existence même en raison d’une « colonisation » non-blanche de son territoire.

Car le but ultime de la « théorie » dite du « grand remplacement » est de promouvoir une politique de purification ethnique de la France et de l’Occident qui devraient éliminer par la violence et l’expulsion toutes les populations non-blanches vivant sur son territoire. En octobre 2014, dans une interview au journal italien Corriere della Sera, Eric Zemmour ne se proposait-il pas déjà de déporter cinq millions de musulmans vivant en France ?

Les partisans de cette « théorie » ont déjà mis leur funeste projet à exécution. Ainsi, le terroriste qui a commis un massacre tuant 51 personnes dans deux mosquées de Christchurch en Nouvelle-Zélande, en mars 2019, s’était justifié dans un manifeste intitulé « Le Grand remplacement ».

Suite à ce terrible massacre, nous, Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires, avions organisé un rassemblement place de République afin de rendre hommage aux victimes de ce crime et de dénoncer l’idéologie suprémaciste du « grand remplacement ».

Toutefois, la mobilisation contre le suprémacisme ne saurait être limitée à des réponses à des événements aussi dramatiques soient-ils. Notre mobilisation se doit d’être ininterrompue contre des idées et des pratiques visant à ravaler tous les non-blancs au rang de sous-homme. Afin de structurer nos mobilisations nous devons nous organiser car seule notre organisation nous permettra de vaincre les suprémacistes.

Alors contre la peur que les suprémacistes essaient de nous inculquer, osons lutter ; osons vaincre ! Unissons-nous pour ne pas subir !

Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires

22/02/2022

La dissolution de la Coordination contre le Racisme et l’Islamophobie (CRI) : Une nouvelle étape dans la banalisation de l’arbitraire politique

COMMUNIQUÉ DU FUIQP

Le mercredi 20 octobre 2021 le ministre de l’intérieur Gérard Darmanin a annoncé la dissolution de la Coordination contre le Racisme et l’Islamophobie. Le motif officiel invoqué est que cette association appelle à la « haine, à la violence et à la discrimination ». Cette nouvelle dissolution intervient après celle du CCIF en décembre 2020 suivie de celles d’autres associations depuis sans que cela n’ait suscité de mobilisations à la hauteur de ces atteintes grave aux libertés d’association et d’expression. Une nouvelle fois preuve est faite qu’en matière de droits démocratiques le silence et l’absence de solidarité sur l’atteinte aux droits d’un militant ou d’une structure militante a pour effet de banaliser l’arbitraire et de généraliser la logique du bâton pour faire taire les voix discordantes.

Le décret portant dissolution du CRI est tout autant que celui concernant le CCIF l’année dernière significatif de cette logique du bâton se justifiant par une dénonciation des « intentions supposées » et non comme le voudrait le principe même de justice sur le fait de sanctionner des propos ou actes illégaux. Il est ainsi reproché au CRI de « cultiver le soupçon d’islamophobie au sein de la société française » ou encore de « présenter comme islamophobe les dispositions relatives à l’interdiction de dissimulation du visage dans l’espace public » ou enfin de « tenir un discours antisioniste appelant des messages à teneur antisémites » (sic), etc. Ces quelques exemples suffisent à démontrer que ce sont des opinions qui sont poursuivies et non des faits et propos délictueux. Penser qu’il existe une islamophobie en France, être en désaccord avec une loi ou critiquer le sionisme suffit désormais pour justifier une dissolution.

Cette nouvelle interdiction survient dans le contexte électoral d’une présidentielle marquée du côté du gouvernement par une course pour capter les voix d’extrême-droite avec la construction médiatique d’un Zemmour en charge de fixer le rythme et le degré de cette tentative d’extrême-droitisation de l’ensemble du champ politique. Pour que cette tentative soit efficace il est nécessaire non seulement de reprendre les thèmes classiques de l’extrême-droite mais aussi de diffuser la peur pour produire des réflexes d’auto-censure du côté de toutes les voix dissidentes. Après la campagne sur l’islamo-gauchisme, la banalisation des interdictions d’associations et de collectifs traduit cette volonté de réduire au silence par la peur et la répression tous ceux dénonçant le racisme et notamment le racisme d’Etat et l’islamophobie, les violences policières, le soutien au peuple palestinien, etc.

Nous avons déjà connu dans l’histoire d’autres séquences historiques caractérisées par une politique de contrôle de la pensée par la peur et la menace. Ce fut le cas en 1937 quand le gouvernement Blum dissolvait l’Etoile Nord-Africaine pour son engagement anticolonialiste. Ce fut le cas en 1980 avec la dissolution de la FEANF (Fédération des étudiants d’Afrique noire en France) en raison de sa dénonciation de la Françafrique et plus largement de l’impérialisme français. A chaque fois ces dissolutions ont été le prélude à une logique sécuritaire renforcée pour tous.

Le FUIQP condamne, bien entendu, cette nouvelle dissolution et appelle à une solidarité totale avec les militants du CRI. En nous solidarisant avec le CRI c’est nous même et l’ensemble des droits démocratiques conquis de haute lutte que nous défendons. Dans certaines circonstances comme celles d’aujourd’hui se taire c’est cautionner.

Plus que jamais nous devons nous Unir pour ne pas subir.

Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires ( F.U.I.Q.P.)

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17 octobre 1961: Un crime d’Etat qui doit être officiellement reconnu.

DÉCLARATION DU FUIQP

Il y a déjà 60 ans, en pleine guerre d’Algérie, plusieurs dizaines de milliers d’Algériennes et d’Algériens descendaient pacifiquement dans les rues de Paris à l’appel de la Fédération de France du FLN pour protester contre le couvre-feu imposé de manière discriminatoire aux seuls Algériens par le préfet Maurice Papon et pour la libération de leur pays. Car les manifestations du 17 octobre 1961 furent d’abord un acte de courage et de résistance face à l’arbitraire colonial.

Il y a déjà 60 ans la police française commettait dans les rues de Paris le massacre de dizaines de manifestantes et manifestants algériens qui défilaient pacifiquement. Il s’agissait du plus grand massacre de toute l’histoire contemporaine française, depuis la Commune de Paris de 1871. Ce massacre a été commis dans une indifférence quasi-générale, sans mobilisation pour le dénoncer et sans même pendant des décennies de commémorations militantes de la part des forces démocratique et de gauche françaises.  

Il y a déjà 40 ans les héritiers de ces Algériens assassinés commençaient leurs mobilisations pour que soit reconnue officiellement ce massacre comme crime d’Etat et pour que toute la vérité soit faite sur les responsabilités de celui-ci. Ce sont ces mobilisations, d’abord modestes et en nombre limité et ensuite plus conséquentes et en plus grand nombre, qui brisèrent la chape de plomb qui pesait sur ce crime d’Etat. Depuis de nombreux travaux d’historiens sont venus documenter le massacre, en souligner le caractère prémédité, l’ampleur de la violence mise en action, les rafles massives et expulsions qui l’ont accompagnées, etc.   

Il y a déjà 9 ans, le 17 octobre 2012, que nos mobilisations ont conduit le président de la République François Hollande à reconnaître officiellement ce qu’il a, à l’époque dénommé, de manière euphémique « une répression sanglante », expression que reprendra presque mot pour mot le président Macron, six ans plus tard en parlant de « répression violente ». Ces reconnaissances euphémisées sont à la fois le résultat de nos mobilisations rendant impossible la chape de plomb antérieure et une tentative pour éviter que toute la lumière soit faite et toutes les responsabilités rendues publiques sur ce crime d’Etat.

 D’autres procédures sont également déployées depuis plusieurs années avec les mêmes objectifs : présenter le 17 octobre 1961 comme étant de la seule responsabilité du préfet Papon, découper les faits de cette journée des séquences qui l’ont précédées et suivies qui sont elles aussi caractérisées par une violence d’Etat quotidienne contre les Algériens en général et contre les militants indépendantistes en particulier ; faire abstraction du contexte de négociation avec le FLN pour l’indépendance c’est-à-dire occulter que le massacre a été sciemment utilisé comme arme de realpolitik, etc.

Certaines reconnaissances officielles peuvent ainsi prendre la forme d’un enterrement de la question posée. C’est pourquoi le FUIQP appelle à la vigilance et à la mobilisation pour que les véritables enjeux soient posés et l’ensemble des responsabilités dénoncées. Faute de cela la reconnaissance officielle sera un piège, nos indignations se mueront en commémoration consensuelle mais elles seront vidées de tout contenu politique c’est-à-dire qu’elles seront dévitalisées et désincarnées.

Ce n’est pas que pour le passé que nous avons besoin d’une reconnaissance réelle et totale des massacres du 17 octobre 1961 mais aussi pour aujourd’hui et pour demain. C’est dans ce massacre d’Etat et dans de nombreux autres actes de l’Etat pendant cette période particulièrement, pendant la période coloniale plus largement, que s’origine le racisme systémique et le racisme d’Etat contemporain.

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A propos de la validation par le Conseil d’Etat de la dissolution du CCIF

Refusons l’antiracisme à durée déterminée

Sans surprise le Conseil d’Etat a validé le 24 septembre la dissolution du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF). Au prétexte de la lutte contre « l’islamisme » c’est ainsi à une association antiraciste que s’attaque le gouvernement. Alors que l’islamophobie est une des formes du racisme contemporain les plus présentes dans l’hexagone et la plus en développement, une des rares associations se consacrant à la combattre se voit priver de ses moyens d’action. Cette validation du conseil d’Etat se déploie en outre dans un contexte médiatique et politique de libération de la parole raciste en général et islamophobe en particulier, de banalisation des idées d’un Zemmour du fait de la promotion médiatique dont il bénéficie, de focalisation de la campagne des présidentielles sur les questions de l’identité, de l’immigration, de l’islam, etc.

Suite à cette décision du Conseil d’Etat de nombreuses associations se sont exprimées individuellement ou collectivement pour condamner la validation du conseil d’Etat et en souligner les dangers. Le FUIQP s’associe évidemment à ces condamnations. Notre organisation ne cesse, en effet, d’appeler à la mobilisation contre l’islamophobie depuis plusieurs décennies et à souligner le caractère central de cette forme de racisme dans l’offensive idéologique dominante réactionnaire.

Toutefois, force est de constater le caractère tardif de la prise de conscience, des dangers portées par l’islamophobie, par un certain nombre de ces associations. De même, de nombreuses associations sont restées silencieuses au moment des mobilisations contre la loi sur le « séparatisme » dont une des conséquences les plus immédiates est l’épée de Damoclès de la dissolution pour faire taire les voix dissidentes. Cette loi du 24 août 2021 dite « confortant les principes de la République » n’a pas eu la réponse militante qu’elle méritait, alors qu’elle est une loi d’exception et une expression du racisme d’Etat, du fait du silence de certains d’une part et du choix de privilégier le combat contre l’autre loi liberticide de la période d’autre part : la loi sur la sécurité globale.  Ce double standard de la mobilisation face à ces deux lois a été ressenti comme un isolement objectif par de nombreux habitants des quartiers populaires et par les groupes militants qui se sont mobilisés contre la loi sur le séparatisme.

La conclusion essentielle de cette amère expérience est plus que jamais la réaffirmation de la nécessité de bâtir une organisation autonome des héritiers des luttes des immigrations et des quartiers populaires sans laquelle nos préoccupations premières continueront d’être reléguées à un rang second de l’agenda des mobilisations ; sans laquelle le paternalisme et le fraternalisme continuera de régner dans les rapports aux populations héritières de l’immigration et des quartiers populaires ; sans laquelle l’antiracisme folklorique restera prédominant ; sans laquelle nous resteront cantonnés dans le rôle de « réserve de bulletins de vote » pour les rabatteurs de tous poils et les antiracistes à durée déterminée [la durée de chaque campagne électorale] ; etc.

Subissant directement l’islamophobie, notre engagement ne saurait être déterminé par autre chose que la défense de nos droits et de nos libertés.

Il est grand temps de nous organiser et de s’unir pour ne plus subir

Lettre antiraciste à son député

  • Et si on se mobilisait encore ces dernières heures avant le vote solennel à l’Assemblée nationale qui aura lieu fin juin?
  • Nous vous proposons d’envoyer un E-mail à votre député.
  • Vous trouverez leur adresse mail via ce lien en mettant votre code postal ou ville : https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/vos-deputes
  • Voici un mail type , il vous suffira de copier et coller !

Mesdames et Messieurs les député-e-s,

Alors que vous vous apprêtez à voter en deuxième lecture le projet de loi « séparatisme » rebaptisé « loi confortant les principes républicains » à l’Assemblée nationale, nous vous interpelons sur le caractère anti-démocratique, raciste et liberticide de cette loi qui va accentuer et entériner la désignation des musulmanes, des musulmans et des personnes perçues comme telles, comme ennemis de l’intérieur.

Cette loi fait encourir le risque d’une dérive vers un apartheid qui ne dirait pas son nom car ce sont bien les musulman-e-s qui sont ciblés sous le prétexte de lutte contre le séparatisme.

Ainsi, malgré tous vos efforts pour cacher le fait que de cette loi rompt le principe d’égalité, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) ou Amnesty international ont alerté sur ce projet qui, selon la formule de la CNCDH, « fragilise les principes républicains au lieu de les conforter ».

Cette loi liberticide frappera d’autres personnes par extension, car lorsqu’un régime libéral renforce son autoritarisme sous le prétexte de la sécurité, c’est toujours aux dépens de la liberté de tous même si elle vise au départ une seule catégorie de la population.

Par conséquent, nous vous invitons vivement à réfléchir en votre âme et conscience avant de voter cette loi liberticide et raciste qui engage toute la société française vers une pente dangereuse.

Contre la criminalisation du soutien à la Palestine

Soutien à Walid Atallah, porte-parole de l’Association des Palestiniens d’Île de France

Walid Atallah, porte-parole de l’Association des Palestiniens d’Île de France, est convoqué aujourd’hui, jeudi 20 mai 2021 à 15h, dans les bureaux de la brigade de répression de la délinquance contre la personne. Il est mis en cause dans le cadre d’une procédure judiciaire pour « organisation d’une manifestation interdite ». Les faits se sont déroulés à Paris le samedi 15 mai 2021 à Paris.

Cette manifestation en commémoration de la Nakba et en soutien au peuple palestinien avait été autorisée par la préfecture de police de Paris le 12 mai avant d’être interdite le 13 suite aux instructions du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui cherche à criminaliser toute forme de solidarité avec la Palestine.

Nous condamnons fermement cette convocation d’un militant palestinien connu pour son engagement contre le colonialisme et en faveur de la Palestine, comme nous condamnons l’interdiction de la manifestation du 15 mai 2021 à Paris et la répression menée par la police dans le quartier de Barbès contre les manifestants qui ont courageusement bravé cette interdiction liberticide.

Nous rappelons que la France est un des rares pays dans le monde à avoir interdit les manifestations ou les rassemblements de soutien au peuple palestinien. Étrange conception du droit et de la liberté pour un pays qui ne cesse de se targuer d’être la « patrie des Droits de l’Homme » ?

Nous, FUIQP, exprimons notre soutien à Walid Atallah, à l’Association des Palestiniens d’Île de France et plus généralement à tous ceux et toutes celles qui sont attaqués pour avoir légitimement exprimé leur soutien à la résistance du peuple palestinien contre la colonisation.

Occuper est un crime, Résister est un droit

Communiqué du Front uni des immigrations et des quartiers populaires (FUIQP)

Paris, 20/05/2021



Des milliers pour la Palestine à Barbès, malgré l’interdiction et la répression

Des milliers de manifestants ont bravé l’interdiction de manifester samedi 15 mai en soutien à la lutte du peuple palestinien, pour dénoncer les crimes de guerre d’Israël, et la complicité de l’État français incarné par Macron.

Des milliers ont manifesté jusqu’à la République et dans le nord de Paris, malgré les moyens de répression exceptionnels : 4200 policiers et gendarmes déployés contre les manifestants, des canons à eau, des charges, des nassages et des gazages.

Macron et Darmanin prétendaient « empêcher une importation du conflit », ils n’ont fait qu’importer en pleine capitale le traitement colonial des quartiers populaires : bouclage policier et fermeture forcée des transports en commun et des commerces de la moitié du 18ème arrondissement.

Dans toute la France, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté pacifiquement leur soutien à la lutte du peuple palestinien. C’est l’interdiction de la manifestation parisienne qui a provoqué les heurts et la colère en bafouant un droit inaliénable.

Toute notre solidarité va aux blessés et aux emprisonnés suite à la répression de la manifestation. Nous appelons l’ensemble des citoyens et des organisations attachées aux libertés à nous aider à les défendre.

Nous appelons également toutes et tous a rester attentifs aux prochaines mobilisations qui auront lieu si la situation en Palestine perdure. Le 15 mai, journée de commémoration de la Nakba – expulsion des Palestiniens en 1948 – des manifestations ont eu lieu partout en Palestine occupée et ont été durement réprimée. Israël intensifie également chaque jour ses frappes aériennes et ses tirs d’artillerie sur la bande de Gaza.

La solidarité et la discipline dont ont fait preuve les milliers de manifestants leur a permis de tenir la rue, de faire entendre nos slogans de soutien à la lutte du peuple palestinien :

Israël assassin, Macron complice !

Soutien à la résistance du peuple palestinien contre la colonisation et l’occupation !

____________________________

Premiers signataires :

Action Antifasciste Paris Banlieue

Acta

AFPS Paris 14-6

Alternatives et Autogestion

Association Démocratique des Tunisiens en France (ADTF)

ANC

Association Marocaine des Droits Humains ( AMDH ) Paris/IDF

Association de Palestiniens en IdF

ATMF

CAPJPO-EuroPalestine

CGT énergie Paris

Collectif Ni Guerres Ni État de Guerre

Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT)

Coordination contre la loi séparatisme

Emancipation tendance intersyndicale

Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR)

Fondation Frantz Fanon

Forum Palestine Citoyenneté

Front contre l’islamophobie et pour l’égalité des droits de tou-te-s

FUIQP

ISM-France

Islam&Info

Montreuil Palestine

Paroles D’Honneur

PIR

Pour une Écologie Populaire et Sociale

Rete dei Comunisti (Italie)

UJFP

UL CGT Paris 18

Union des Tunisiens pour l’Action Citoyenne (UTAC)