Palestine : résister est un droit !

« La cause palestinienne doit être au centre de toute stratégie libératrice. »

Mounir Chafiq, intellectuel palestinien

La colonisation de la Palestine a commencé en 1917 avec la déclaration Balfour. Dans le contexte de la Première Guerre mondiale (1914-1918), le secrétaire d’État aux Affaires étrangères, Arthur Balfour, a déclaré que le Royaume-Uni était favorable à l’établissement d’« un foyer national pour le peuple juif » en Palestine ; terre alors habitée par le peuple arabe palestinien.

Ce projet de colonisation de peuplement a commencé à être mis en œuvre avec le partage des territoires arabes de l’ancien Empire ottoman entre la France – Liban et Syrie – et le Royaume-Uni – Palestine, Jordanie et Irak – en 1920. Les Britanniques favorisèrent la colonisation sioniste durant la période du mandat (1923-1948) où ils occupèrent la Palestine.

Après l’implantation durant le mandat britannique, la colonisation de peuplement de la Palestine rentra dans une seconde phase avec le vote du plan de « partage » du territoire palestinien à l’ONU, le 29 novembre 1947. Décidé par les grandes puissances de l’époque, ce « partage » de la Palestine, qui était une opération de spoliation de la terre palestinienne, se fit sans consulter le peuple palestinien. Le « partage » avait pour seul but de réaliser « légalement » le projet colonial sioniste de constitution d’un Etat ethnique en Palestine.

Projet de colonisation de peuplement, le nouvel Etat fut construit sur le nettoyage ethnique de la population palestinienne qui fut chassée de ses terres. En 1948, environ 800 000 Palestiniens sur les 900 000 qui habitaient les territoires occupés par Israël, furent expulsés en Cisjordanie, à Gaza, en Jordanie, au Liban ou en Syrie.

Le projet colonial ne se limitait pas aux territoires occupés en 1948. Il comprenait la colonisation de l’ensemble de la Palestine et la domination du Machrek afin de préserver les intérêts impérialistes. Le projet colonial se poursuivit par l’attaque des pays arabes par Israël en juin 1967. La défaite des pays arabes entraina l’occupation de nouvelles terres : la Cisjordanie, Gaza, le Golan syrien et le Sinaï égyptien. Suite à cette défaite, 300 000 Palestiniens furent expulsés de leur terre.

Depuis juin 1967, la population palestinienne est divisée en trois grands groupes : les Palestiniens de 1948 vivant au sein d’Israël qui sont soumis à un statut d’exception de sous-citoyens ; les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza qui vivent sous occupation militaire israélienne ; et les Palestiniens réfugiés hors de la Palestine.

Aujourd’hui, la population de Gaza, qui est composée à plus de 80% de descendants de réfugiés du nettoyage ethnique de 1948, vit sous un blocus depuis plus de 16 ans. La population de Cisjordanie vit sous occupation militaire afin, notamment, de protéger les colonies de peuplement qui y ont été implantées par Israël depuis 1967.

L’Etat sioniste ne peut maintenir sa domination coloniale sur le peuple palestinien qu’avec le soutien inconditionnel des Etats-Unis et du bloc occidental qui financent son armée d’occupation.

En effet, l’Etat colonial israélien est « la citadelle de l’impérialisme américain » dans cette région d’une importance économique et géostratégique décisive. Cette citadelle, dotée de l’arme nucléaire, est garante notamment de l’accès de l’économie occidentale (dont bien sûr la France) aux gisements pétroliers et gaziers de la région. C’est donc les impérialismes de tout l’Occident que doit affronter le peuple palestinien pour sa libération. Pour ces raisons, cette résistance est centrale dans les luttes anti-impérialistes.

Face à ce contexte de colonisation de peuplement, de nettoyage ethnique et d’oppression coloniale en général, nous rappelons que, dans la perspective anticolonialiste qui est la nôtre, résister est un droit fondamental des peuples colonisés où qu’ils soient sur la planète et quel que soit leur colonisateur.

Nous rappelons également que, comme l’affirmait Nelson Mandela, « c’est toujours l’oppresseur, non l’opprimé qui détermine la forme de lutte ».

En France, le soutien à la lutte du peuple palestinien a longtemps été minoritaire en raison de la culture coloniale hégémonique dans l’Hexagone. La déshumanisation des non-Blancs en général et des Arabes en particulier et l’identification à un projet colonial occidental expliquent le large soutien dont Israël a longtemps bénéficié à gauche comme à droite de l’échiquier politique français. Rappelons qu’en 1948, tous les grands partis politiques français, dans un unanimisme colonial, ont salué le nettoyage ethnique de la Palestine.

Seule l’immigration maghrébine, au travers de ses organisations comme le Parti du Peuple Algérien (PPA), fut à cette date un réel soutien du peuple palestinien dans sa lutte anticolonialiste légitime.

Après la défaite de 1967, le soutien à la cause palestinienne s’est élargi à de nouveaux secteurs de la société au travers notamment des Comités Palestine. Néanmoins, l’immigration arabe est restée au cœur du mouvement de solidarité avec la constitution dans les années 1970 du Mouvement des Travailleurs Arabes (MTA) qui fit de la Palestine un élément central de sa mobilisation.

Journal du Mouvement des Travailleurs Arabes (MTA)

Si durant de nombreuses années, la solidarité avec le peuple palestinien a été stigmatisée, depuis 2014 et l’interdiction des manifestations en faveur de la Palestine par Manuel Valls, nous assistons à une répression et à une criminalisation du soutien à la cause palestinienne.

Une nouvelle étape a été franchie ces derniers jours par le gouvernement Macron-Darmanin avec l’interdiction systématique de toutes les manifestations de solidarité avec la Palestine, les amendes infligées aux manifestants, les arrestations et les mises en garde à vue de personnes ayant exprimé leur solidarité avec le peuple palestinien, le signalement au parquet de toute expression publique ne correspondant pas à la ligne déterminée par le gouvernement, etc.

Toutes ces attaques sont de graves atteintes aux droits et libertés fondamentales qui démontrent encore une fois un processus de fascisation extrêmement inquiétant. 

Ce basculement et la répression du mouvement de solidarité avec la Palestine a pour fonction de préserver le racisme systémique en vigueur ici en France et de défendre l’impérialisme français là-bas. La solidarité avec la Palestine est historiquement un facteur déterminant de la politisation des Quartiers Populaires en général et de l’immigration maghrébine en particulier. Cette politisation par la Palestine ne va pas sans remise en cause du racisme systémique et du contrôle social des habitants et habitantes des Quartiers Populaires à l’œuvre dans l’Hexagone.

De plus, face aux mobilisations des non-Blancs contre le racisme systémique, ce dernier se maintient en remettant en cause les droits et libertés démocratiques qui peuvent permettre de contester la suprématie blanche. Encore une fois les dominants préfèrent faire le lit du fascisme plutôt que de voir leurs intérêts remis en cause.

Occuper est un crime, Résister est un droit !

Palestine vivra, Palestine vaincra !

Carte de la Palestine

Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires

01/11/2023