Non au retour de la double peine !

L’expulsion de Moussé Blé doit être replacée dans le contexte politique du racisme d’Etat qui a été renforcé ces dernières années par le gouvernement d’Emmanuel Macron en général et par son ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, en particulier.

En effet, la loi dite contre le « séparatisme » participe à la mise en place d’un droit d’exception pour les personnes musulmanes ou considérées comme telles. Cette loi que nous avons combattue et que nous devons continuer à combattre en tant que loi discriminatoire, a permis l’expulsion de Moussé Blé.

Cette loi permet de rétablir une pratique discriminatoire qui avait en partie été abolie grâce aux luttes de nos ainés, la double peine.

La double peine est une pratique discriminatoire qui permet d’expulser une personne de nationalité étrangère une fois qu’elle a purgé sa peine. Là où un citoyen français serait condamné une seule fois, un étranger est condamné deux fois : par une peine de prison et, à sa sortie, par son expulsion du territoire, même s’il a construit toute sa vie ici.

Cette pratique crée donc un droit d’exception, discriminatoire, pour les personnes qui n’ont pas la nationalité française.

Contre toute forme de droit d’exception qui s’appliquerait uniquement à une partie de la population en raison de sa nationalité, de son origine, de son sexe, de sa race ou/et de sa religion réels ou supposés, nous dénonçons la réinstauration de la double peine sous quelque prétexte que ce soit.

La seule alternative réelle à ce double standard est l’imposition d’une égalité réelle entre tous les être humains quelques soient leurs nationalités, leurs origines, leur sexe, leur race ou leur religion réels ou supposés.

Malheureusement, cette égalité reste un idéal pour lequel nous devons lutter. Nous devons lutter quotidiennement avec volonté et acharnement car nombreux sont ceux qui sont favorables au maintien d’une société inégalitaire car celle-ci leur procure des privilèges.

De ce fait, nous devons nous organiser localement mais également au niveau national pour défendre ce principe d’égalité de tou-te-s. La longue histoire des luttes anticolonialistes et des luttes de l’immigration nous rappelle cette nécessité de nous organiser.

Il y a presque un siècle Messali Hadj affirmait déjà que « si nous voulons vivre et vaincre, il faut qu’on s’organise ».

Aujourd’hui, le Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires veut participer à ce que l’on s’organise tant au niveau local qu’au niveau national afin de lutter pour une société plus égalitaire et plus juste.

Contre l’expulsion de Moussé Blé !

Contre la double peine !

Pour l’égalité de tou-te-s !

Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires – Paris Banlieue

25/02/2023

Combattre la négrophobie ici, là-bas, partout!

« Vous aurez beau essayé d’enterrer l’ombre, vous ne l’empêcherez pas d’apparaitre. » 

Proverbe Wolof 

Le « Grand Remplacement », complotisme des imbéciles…

Le 21 février dernier, à l’issue d’une réunion du conseil de sécurité nationale, la présidence tunisienne dénonçait, via un communiqué, la présence de «hordes des migrants clandestins » qui seraient la source de «violence, de crimes et d’actes inacceptables».

L’immigration clandestine en Tunisie y était également décrite comme une « entreprise criminelle ourdie à l’orée de ce siècle pour changer la composition démographique de la Tunisie », afin de la transformer en un pays « africain seulement» et estomper son caractère «arabo-musulman ».

L’exacerbation des tenions ethno-religieuses est, on le sait, un subterfuge particulièrement prisé des élites dirigeantes soucieuses de se maintenir au pouvoir, par tous les moyens. Il s’agit d’une arme de division et de diversion massive visant a détourner les masses des problèmes économiques et politiques fondamentaux.

De ce point de vue, l’invocation de la théorie conspirationniste et mortifère du «Grand Remplacement», revêt, pour le président tunisien, un double avantage:

– Premièrement elle permet a Kais Saïed, empêtré dans une dérive répressive et autoritaire touchant plusieurs plans de la société tunisienne, d’éviter de rendre des comptes par rapport à un bilan économique et politique particulièrement désastreux. Les migrants (légaux ou clandestins) constituent ainsi le bouc-émissaire idéal pour un régime aux abois. 

– Deuxièmement, elle évite de pointer du doigt le rôle néfaste d’un acteur (plus puissant) dont la responsabilité dans les «crises migratoires» que connaissent beaucoup de pays sur le continent est pourtant accablante : l’Union européenne. 


Les déracinés du capital dans l’étau des politiques criminelles de l’Union européenne 

La destruction de la Libye par les forces OTANiennes (dont la France) a créé un chaos durable dans la région et provoqué l’exode de plusieurs dizaines de milliers de migrants, pour la plupart subsahariens, vers les pays voisins, dont la Tunisie. 

Or, pour limiter l’arrivée sur son territoire de migrants fuyant les accords économiques iniques qu’elle impose aux pays africains (à l’image des APE) ou les guerres qu’elle y déclenche (au nom de la « responsabilité de protéger » ou de la « guerre contre le terrorisme »), l’Union européenne sous-traite ses politiques migratoires criminelles à plusieurs État Africains, voire à des milices impliquées dans la traite d’êtres humains, comme en Libye. Le massacre de plusieurs dizaines de migrants au Maroc en juin dernier est également une manifestation de ce business macabre et xénophobe mis en place par l’Union européenne, avec la complicité de certains relais africains.


Le racisme anti-Noirs au Maghreb : une hostilité qui vient de loin 

La déclaration du président tunisien sur «les hordes de migrants» participant d’un complot visant a estomper le caractère «arabo-musulman» de la nation tunisienne a instauré un climat de terreur négrophobe et déclenché des agressions verbales et physiques visant non seulement des migrants subsahariens, mais aussi des citoyens tunisiens dont le seul tort est d’avoir la peau noire. 

Aussi, s’il convient de pointer du doigt la responsabilité de l’Union européenne dans la déstabilisation de la région et la mise en place de politiques migratoires criminelles sous-traitées par des pays africains, la déferlante négrophobe actuelle en Tunisie, qui touche indistinctement, des migrants (légaux ou illégaux) et des citoyens dont la présence en Tunisie remonte à plusieurs millénaires nous rappelle une triste réalité; celle du racisme visant les populations noires dans plusieurs pays d’Afrique du Nord. 

Ce racisme est antérieur à la colonisation et lui a survécu. Il est notamment l’héritage du commerce des esclaves, qu’il est important de rappeler, en dépit des tentatives d’ instrumentalisation de la part de ceux qui cherchent à relativiser l’horreur que fut la traite transatlantique.  

De nos jours, ce racisme est également perceptible à travers les représentations caricaturales des Noirs véhiculées par le cinéma, la télévision, les plateformes numériques. 

Ce racisme anti-Noirs, nous le retrouvons parfois, hélas, dans nos quartiers. Si nous voulons être conséquents et cohérents, nous nous devons de le dénoncer et le combattre. 


Combattre la négrophobie ici, là-bas, partout!

Héritière des luttes menées par plusieurs générations d’immigration en France, le Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires (FUIQP) place au coeur de son engagement le combat contre le racisme et l’impérialisme. Pour être efficace dans ce combat, il convient, comme le disait Amilcar Cabral, de combattre nos propres faiblesses et de ne pas faire croire aux Victoires faciles. Le FUIQP dénonce avec la dernière énergie les déclarations négrophobes du président tunisien ainsi que les agressions visant les migrants subsahariens et les citoyens tunisiens noirs.

Nous saluons l’action des personnes et collectifs qui, en Tunisie et en France, se mobilisent contre ce racisme d’Etat.

Ensemble, il nous faudra poursuivre le combat contre la négrophobie ici, là-bas, partout.


S’unir pour ne pas subir!


Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires

3/02/2023

Immigrations et Quartiers Populaires: Le combat contre la réforme des retraites est aussi le nôtre

Un vaste, massif et beau mouvement social contre la réforme scandaleuse des retraites se déploie en France. Les premières grèves et manifestations ont été puissantes et à la hauteur des attaques contenues dans cette écœurante réforme et dans les régressions sociales qu’elle prévoit. Toutes les travailleuse et tous les travailleurs sont concernés mais comme dans toute régression sociale les plus dominés seront aussi les plus perdants. Ce sera le cas des femmes, des moins qualifiés, des travailleurs immigrés et de leurs descendants français.

Concernant les travailleurs immigrés et leurs enfants français trois raisons essentielles accroîtront encore plus que pour l’ensemble des travailleurs les effets régressifs de la réforme. La première est tout simplement une espérance de vie moindre liée aux conditions d’existence d’une part et à la pénibilité des emplois occupés pendant leurs carrières d’autre part. L’immigration jouant dans notre économie la fonction de variable d’ajustement structurel, elle se retrouve assignée aux emplois les plus pénibles, les moins protégés, les plus mal payés, etc. Cette fonction se reproduit pour les enfants français de ces travailleurs immigrés qui sont du fait des discriminations racistes systémiques touchant le monde du travail assigné aux mêmes types d’emplois de surexploitation.

La seconde raison est également en lien avec ces discriminations systémiques massives. Ces discriminations massives conduisent en effet à des carrières encore plus découpées que celles des autres travailleurs. Si le néolibéralisme qui domine depuis quatre décennies a précarisé fortement l’ensemble des travailleurs, les discriminations racistes ont amplifié le processus pour certains d’entre eux. De nombreuses études ont démontré que les immigrés comme les français issus de l’immigration sont surreprésentés dans les statistiques de l’intérim, des CDD, des contrats aidés, etc. La pénibilité des emplois occupés rend impossible de travailler au-delà de soixante ans et le caractère découpé des carrières empêche de réunir les trimestres exigés pour une retraite complète. Le résultat de cette contradiction est évident : comme de nombreux autres travailleurs mais avec une ampleur considérablement plus grande, les retraites ne seront pas complètes, elles ne seront que des retraites de misère. La surexploitation subie tout au long de la vie professionnelle se poursuivra par une retraite de misère et de pauvreté.

Enfin la politique migratoire néolibérale a d’une part supprimée quasiment toutes les possibilités légales d’immigration et d’autre part précarisée les titres de séjour. Un des résultats est la production des sans-papiers, figure contemporaine de la surexploitation. Après de nombreuses années sans- droits et sans-statuts, ils sont nombreux à être régularisés mais avec des trous énormes dans leurs carrières alors qu’ils n’ont pas cessé de travailler et d’être surexploités. Le projet de loi Darmanin sur l’immigration prévoit de surcroit de nouvelles restrictions des droits et de nouvelles précarisations du séjour conduisant à assigner ces travailleurs aux emplois de surexploitation et même à leurs employeurs sous peine de perdre le droit au séjour. Les effets sur la carrière, sur le nombre de trimestres et sur le montant des retraites seront logiquement massifs.

Pour toutes ces raisons le FUIQP appelle les immigrés et leurs descendants français à participer massivement au mouvement social commun. Il les appelle à prendre toute leur place dans les syndicats mais aussi à poser au sein de ceux-ci la question de la nécessaire inscription à l’agenda des mobilisations de leurs questions spécifiques : la prise en compte de la surexploitation, la lutte contre les discriminations racistes, le combat pour la régularisation des sans-papiers, la lutte contre le projet de loi Darmanin, etc.

Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires
10/02/2023

SOUTIEN A LA RÉSISTANCE PALESTINIENNE DANS LE CAMP DE RÉFUGIÉS DE JÉNINE

Tôt ce matin l’armée d’occupation israélienne est entrée dans le camp de réfugiés palestiniens de Jénine afin d’éradiquer la résistance qui s’y trouve, comme il y a déjà plusieurs mois.

La résistance armée palestinienne à repoussée l’assaut et les accrochages ont duré plus de quatre heures.

Le bilan provisoire est pour l’instant de 9 martyrs et 20 blessés.
L’armée d’occupation israélienne va poursuivre ses crimes contre le camp de Jénine et sur d’autres lieux comme dans la ville de Naplouse ou à Jérusalem ou à Gaza pour tenter d’anéantir la résistance.


Faut-il rappeler que l’occupation est un crime de guerre comme la colonisation, l’emprisonnement et la torture.


Notre association condamne ces crimes de l’occupation israélienne ainsi que la collaboration de l’autorité palestinienne avec l’occupant sioniste depuis les accords d’Oslo en pourchassant les résistants palestiniens.


La France est aussi complice de l’Etat colonial Israël.C’est pourquoi nous appelons l’ensemble du mouvement de solidarité avec la cause palestinienne à condamner et boycotter cette entité coloniale ainsi que l’autorité palestinienne complice de ces crimes.

Vive la résistance palestinienne.

Vive les prisonniers politiques palestiniens.

Gloire aux martyrs.

Communiqué de l’association de Palestiniens en Ile-de-France
Jeudi 26 janvier 2023

Non aux attentats racistes

Trois personnes ont été tuées et trois autres blessées ce vendredi à la suite d’un attentat à proximité du centre culturel kurde Ahmed Kaya situé rue d’Enghien, dans le Xe arrondissement de Paris. Parmi les blessés, un se trouve en urgence absolue. Le terroriste présumé, William M., a été interpellé par la police.

Âgé de 69 ans, William M. était déjà connu pour deux tentatives d’homicide, l’une en 2016 et la seconde en 2021. Lors de cette dernière tentative, il s’était attaqué à un centre de migrants du XIIe arrondissement avec un sabre. Il avait été libéré de prison, le 12 décembre dernier.

Si nous devons attendre les résultats de l’enquête, le profil du terroriste laisse peu de doute sur ses motivations racistes. Ce ne serait d’ailleurs pas la première fois que des supémacistes blancs mettent en œuvre leur idéologie mortifère.

Toutefois, si les passages à l’acte raciste se multiplient ces dernières années c’est d’abord parce que la suprématie blanche vacillante redouble de férocité pour ne pas disparaître. Cette suprématie blanche s’exprime quotidiennement dans les médias français qui en font sa promotion. Elle s’exprime également dans les discours politiques dominants qui reprennent les thématiques du « grand remplacement » ou des « zones de non France » pour stigmatiser les non-Blancs. Elle s’exprime enfin dans les politiques d’État qui, de la loi contre le « séparatisme » à celle en préparation contre l’immigration, désignent les non-Blancs comme des cibles.

Au regard cette férocité, les passages à l’acte raciste d’en « bas » risque malheureusement de se multiplier car ils sont autorisés par les positionnements politiques d’en « haut ». De ce fait, contre les politiques de racialisation, et leurs effets et conséquences, qui autorisent les passages à l’acte raciste, nous devons rester plus que jamais mobilisés.

Solidarité avec les victimes !

Solidarité avec leur famille et leurs proches !

Solidarité avec la communauté kurde !

Contre la racisme !

S’unir pour ne pas subir !

Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires

24/12/2022

Ratonnades en bande organisée dans les rues de l’Hexagone

Mercredi 14 décembre, en marge du match entre la France et le Maroc en demi-finale de coupe du monde, des groupes d’extrême-droite se sont lancés dans une « chasse » à l’arabo-musulman, réel ou supposé, dans les rues de différentes villes de France.

Hurlant des slogans racistes, ces groupes organisés ont cherché à s’en prendre à tous ceux qui s’apparentaient à un Arabe. A Paris, la police a interpelé 38 militants en possession de poings américains, de matraques ou de clés à molette.

A Lyon, les militants d’extrême-droite ont attaqué des supporters marocains rassemblés sur la place Bellecour. Cagoulés, les militants d’extrême-droite ont mené des ratonnades, défilant dans les rues de la ville en cherchant à s’en prendre aux Arabes. Ces militants défilant avec des drapeaux français et scandant « la France aux Français » ont agressé des personnes d’origine maghrébine.

A Montpellier, des groupes d’extrême-droite s’en sont pris aux supporters marocains sur la place de la Comédie dans le centre-ville. Dans cette ville, un jeune homme de quatorze ans a été tué après avoir été fauché par un véhicule alors qu’il célébrait la fin du match dans le quartier de la Paillade. Les individus à bord du véhicule brandissaient un drapeau tricolore.

A Nice, des scènes de ratonnades ont été filmées avec des dizaines de militants d’extrême-droite cagoulés pourchassant des supporters marocains en criant « on est chez nous » et « dehors les Arabes ».

A Strasbourg, des membres de « Strasbourg Offender », un groupe hooligan composé de néonazis, d’identitaires et d’ultranationalistes, sont descendus après le match « patrouiller »  dans les rues du centre-ville et chasser les Arabes.

Ces violences racistes apparaissent clairement comme des actes organisés et coordonnés par des groupes d’extrême-droite violents. Toutefois, si le passage à l’acte violent a été le fait de ces groupes fascistes, les discours racistes de l’extrême-droite parlementaire et médiatique qui ont précédés le match, ont alimenté ces expressions de haine.

En effet, depuis l’annonce de l’affiche de la demi-finale, certains médias, notamment ceux du groupe Bolloré, se sont efforcés de présenter l’opposition footballistique comme une pièce d’un affrontement multiséculaire entre l’Occident civilisé et la barbarie arabo-musulmane. Revêtant le costume du croisé, il ne s’agissait plus, pour ces agitateurs médiatiques, de gagner un match de football mais de préserver la domination de l’Occident confronté à des hordes barbares arabo-musulmanes avançant en rangs serrés derrière l’équipe marocaine.

Dans cette vision du monde, les supporters de l’équipe du Maroc présents sur le territoire français ont été présentés comme des ennemis intérieurs qui gangrèneraient la France afin de « grand remplacer » la population blanche. Le drapeau ou le maillot du Maroc ont été décrits comme les signes d’une offensive anti-française visant à détruire les fondements de la civilisation occidentale.

Evidemment, tous les cadres de l’extrême-droite, de Jordan Bardella à Eric Ciotti en passant par Marion Maréchal ou Eric Zemmour, ont apporté leur contribution à ce « grand récit » du grand remplacement et de la haine de l’« arabo-musulman », réelle ou supposée.

Cependant, ne nous trompons pas dans nos analyses. Si cette haine de l’« arabo-musulman » promue par l’extrême-droite a une telle audience en France, les raisons en sont bien plus profondes. Il nous semble nécessaire de la replacer dans un double contexte historique et politique.

Premièrement, cette haine plonge ses racines dans l’histoire de la colonisation et de la suprématie blanche. En effet, la France a mené des conquêtes coloniales génocidaires, instauré des législations d’exception, relégué au ban de l’humanité des populations non-blanches durant des siècles. Cette histoire ne s’est évidemment pas arrêtée avec la décolonisation. Les non-Blancs vivant dans l’Hexagone ont été maintenus dans un état d’exception permanent au travers de différents mécanismes institutionnels. Dans ce cadre, les discours anti-arabes et islamophobes ont servi de justification au maintien de la domination blanche.

Deuxièmement, de manière plus immédiate, nous sommes dans une séquence historique de quarante ans où le racisme colonial s’est redéployé pour désigner un ennemi intérieur « arabo-musulman ». Des législations d’exception islamophobes ont été mises en place pour lutter contre cet ennemi intérieur. Ces dernières années, Emmanuel Macron a fait de la lutte contre le « séparatisme » un élément central de sa politique. Cette lutte contre le « séparatisme » n’est que le dernier succédané de la suprématie blanche contre les ennemis intérieurs que sont les musulmans, réels ou supposés.

Si les violences de mercredi sont indéniablement le fait d’une extrême-droite militante et organisée, l’ensemble du spectre politique français a participé à promouvoir l’islamophobie et plus largement à maintenir la suprématie blanche.

Est-il besoin d’évoquer la participation de la gauche française à l’« aventure » coloniale française ? Est-il nécessaire de se remémorer la dénonciation des grévistes de l’automobile comme « islamistes » par le gouvernement Mauroy (PS) au début des années 1980 ? Est-il indispensable de reparler du rôle de la gauche et de l’extrême-gauche dans le vote de loi islamophobe du 15 mars 2004 sur l’interdiction du foulard dans les écoles publiques ? Est-il obligatoire de rappeler le silence assourdissant de la gauche française concernant la loi sur le « séparatisme » et l’isolement dans lequel se sont retrouvés celles et ceux, majoritairement musulmans, qui se sont mobilisés contre cette loi d’exception ?

Si nous voulons sérieusement lutter contre le racisme et l’islamophobie, nous ne pouvons pas nous limiter à dénoncer les passages à l’acte violents des groupes d’extrême-droite lorsque ceux-ci surviennent. Il est indispensable de porter un regard critique sur le contexte politique qui rend les discours haineux de l’extrême-droite audibles, car le suprémacisme blanc ne se limite pas à quelques groupuscules violents. En vérité, l’hégémonie blanche est défendue, selon des modalités différentes, par l’écrasante majorité du monde politico-médiatique en France.

Les violences de l’extrême-droite ne sont malheureusement que l’expression radicale d’un racisme anti-arabe et d’une islamophobie largement partagé. Autrement dit, les autorisations au passage à l’acte raciste, les humiliations et  passages à tabac par les milices racistes dans les camps de migrants, de Tziganes ou dans nos villes et quartiers sont les effets et les conséquences des politiques menées par les gouvernements successifs et leurs supplétifs. 

Tant que nous ne nous attaquerons pas aux fondements de la suprématie blanche, nous continuerons à être régulièrement confrontés aux violences, parfois mortelles, de groupes d’extrême-droite organisés.

Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires (FUIQP)

19/12/2022

Du gouvernement à l’Assemblée, le racisme comme ligne de conduite

Les jours et les semaines passent et le racisme continue d’être au cœur de la vie politique française. Est-ce étonnant ?

Evidemment non, car comme l’écrivait Frantz Fanon « une société est raciste ou ne l’est pas »[1]. Après cinq siècles de colonisation, la France, puissance coloniale s’il en est, ne peut être qu’une société raciste.

Présentant son projet de loi contre l’immigration, le ministre de l’Intérieur multiplie les déclarations anti-immigrées. Il s’est notamment vanté de vouloir « rendre la vie impossible » aux personnes sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français en les empêchant de bénéficier des prestations sociales ou d’un logement social. Les personnes menacées d’expulsion seraient également inscrites au « fichier de personnes recherchées », comme s’il s’agissait d’individus représentant un danger public.

Dans cette politique anti-immigration, Gérald Darmanin souhaite rétablir la double peine qui avait été en grande partie abolie suite au long combat des militants des immigrations et des quartiers populaires[2]. Il souhaite également instaurer « un examen de langue » pour tous les étrangers désirant obtenir un titre de séjour. En cas d’échec à l’« examen », les étrangers seraient expulsés.

Ces mesures anti-immigrés sont-elles étonnantes de la part d’un ministre de l’Intérieur du gouvernement d’Emmanuel Macron qui trouvait Marine Le Pen « trop molle »[3] car pas assez islamophobe à son goût ?

N’oublions pas que ces propos de Gérald Darmanin s’inscrivent dans une surenchère de déclarations et de politiques racistes des gouvernements successifs. 

C’est dans ce contexte où la mise à l’index des personnes non-Blanches s’exprime au sommet de l’Etat qu’est intervenue à l’Assemblée nationale l’interpellation négrophobe contre le député de la NUPES, Carlos Martens Bilongo, par le député du Rassemblement national (RN), Grégoire de Fournas.

« Qu’il retourne en Afrique » a aboyé le député d’extrême-droite la bave aux lèvres car, à ses yeux, un-e Noir-e ne saurait être à sa place à l’Assemblée nationale, voire même dans l’Hexagone.

Alors beaucoup condamneront, avec raison, ces déclarations négrophobes d’un élu d’extrême-droite. Toutefois, trop nombreux seront celles et ceux qui s’arrêteront à ces déclarations racistes en oubliant le racisme structurel entretenu au plus haut sommet de l’Etat pour préserver la suprématie blanche.

« Le racisme n’est pas une question d’attitude, c’est une question de pouvoir », expliquait déjà Stokely Carmichael.

Le Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires (FUIQP) condamne fermement les beuglements racistes du député RN, Grégoire de Fournas. Il exprime également son soutien sans faille à Carlos Martens Bilongo face à ces attaques négrophobes.

Néanmoins, le FUIQP n’oublie pas que ces aboiements racistes ne sont possibles que parce que le racisme structure la société française. Notre combat doit donc porter en premier lieu contre le racisme structurel qui rend possible toutes les autres expressions du racisme.

S’unir pour ne pas subir

Communiqué du Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires

4/11/2022


[1] Frantz Fanon, « Racisme et culture », septembre 1956, in. Pour la révolution africaine, Ecrits politiques, Ed. La Découverte, 2001, page 48

[2] Notamment le Comité national contre la double peine et le Mouvement de l’Immigration et des Banlieues (MIB).

[3] Débat télévisé de février 2021.

Soutien aux lycéen-ne-s du lycée Joliot-Curie de Nanterre

Depuis plusieurs semaines, les élèves du lycée Joliot-Curie de Nanterre se mobilisent à l’appel du conseil de la vie lycéenne (CVL). Depuis ces derniers jours, ils font face à une répression policière particulièrement violente. Plusieurs lycéen-ne-s ont été blessé-e-s par les forces de l’ordre armées de gaz lacrymogène et de grenades de désencerclement. Jeudi 13 octobre, quatorze élèves, dont douze mineur-e-s, avaient été placé-e-s en garde à vue.

Pourtant, les lycéen-ne-s ont des revendications simples et légitimes. Ils-elles réclament :

  • le retour de l’aide au devoir qui a été retiré depuis la rentrée en raison d’un manque de moyens ;
  • la fin d’une « police des mœurs » autoproclamée qui voudrait contrôler strictement les tenues vestimentaires des seules lycéennes identifiées comme musulmanes ;
  • la contestation de la mutation administrative d’un enseignant également cosecrétaire départemental de Sud Education 92.

Le FUIQP considère les revendications des élèves du lycée Joliot-Curie de Nanterre totalement légitimes. Nous leur exprimons donc notre soutien dans leur lutte pour une école moins inégalitaire et plus inclusive.

En revanche, nous nous étonnons du peu de soutien que la mobilisation de ces lycéen-ne-s a reçu. Nous nous étonnons également du silence assourdissant qui entoure la répression violente de cette mobilisation par les forces de l’ordre. De même, nous nous étonnons du peu de contestations du discours stigmatisant et répressif tenu par le gouvernement et les médias dominants contre les lycéens de Nanterre.

Les mobilisations lycéennes en faveur de l’égalité deviendraient-elles illégitimes à partir du moment où elles sont portées par des lycéen-ne-s non-blanc-che-s de banlieues ? Les répressions policières brutales deviendraient-elles immédiatement légitimes à partir du moment où elles s’abattent sur des élèves, souvent mineur-e-s, non-blanc-che-s de banlieues ? Les justifications islamophobes de la répression violente d’une mobilisation sociale de lycéen-ne-s deviendraient acceptables en raison de l’identité réelle ou supposée des élèves qui la subissent ?

Au-delà du lycée Joliot-Curie de Nanterre, le FUIQP demande :

  • que davantage de moyens soient accordés à l’éducation, particulièrement dans les quartiers populaires qui subissent déjà la relégation sociale depuis plusieurs décennies ;
  • que cesse le harcèlement des élèves identifiées comme musulmanes concernant leur tenue vestimentaire.

Seul un investissement massif dans l’éducation pourra permettre de compenser partiellement les inégalités sociales dont les habitant-e-s des quartiers populaires sont les premières victimes. Mais nous savons que cet investissement ne verra jamais le jour sans la mobilisation massive des lycéen-ne-s des quartiers populaires.

Hors de la lutte, il n’y a pas de progrès !

Halte à la répression des lycéens de Nanterre !

Vive les luttes des lycéens des quartiers populaires !

S’unir pour ne pas subir !

FUIQP

16/10/2022

Se mobiliser contre l’islamophobie

La validation de l’expulsion d’Hassan Iquioussen par le Conseil d’Etat marque une nouvelle étape dans la constitution d’un appareil répressif spécifique reposant sur une islamophobie d’Etat. En effet, cette expulsion voulue et annoncée médiatiquement par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, ne repose sur rien d’autre que l’arbitraire d’un exécutif qui cible depuis plusieurs mois les musulman-e-s réel-le-s ou supposé-e-s.

Face à cette offensive islamophobe, la question n’est pas tant de savoir si nous partageons l’ensemble des idées de Hassan Iquioussen. Il s’agit plutôt de comprendre en quoi les musulman-e-s réel-le-s ou supposé-e-s ne relèvent pas du droit commun qui garantit les libertés individuelles notamment les libertés d’expression, de culte et la protection de la vie familiale. Pour nous ces libertés fondamentales ne sauraient être niées à une catégorie de la population en raison de son appartenance ethnique ou religieuse.

Il est à craindre qu’Hassan Iquioussen, qui ne fut pas le premier à subir l’arbitraire étatique, ne soit malheureusement pas le dernier à subir la répression islamophobe. L’islamophobie d’Etat ne va pas s’arrêter spontanément. Aussi, nous appelons les personnes éprises de liberté et d’égalité en général et les personnes ciblées par ce racisme en particulier à rester vigilantes et mobilisées contre l’islamophobie d’Etat.

S’unir pour ne pas subir !

Communiqué du Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires

2/09/2022

Tragédie de Melilla : les migrants au cœur d’un business macabre entre les autorités espagnoles et marocaines

Ou faites comme en Espagne

Où ils ont construit une toile d’araignée

Là-bas, à Ceuta et Melilla

Où ils reçoivent [les migrants] sur les berges

Mais parfois [ils les transportent] sur des brancards

Quelle horreur !

Quel cauchemar !

Los Tigres del Norte, El Muro 

Quand Madrid cède au « chantage migratoire » de Rabat

En mai 2021, près de 8 000 migrants, pour la plupart Marocains, parvenaient à pénétrer dans la ville de Ceuta, enclave espagnole située au Nord du Maroc et qui constitue, avec Melilla, l’une des deux frontières terrestres entre l’Afrique et l’Europe.

Cet « afflux sans précédent » de migrants sur le territoire espagnol était consécutif à un « relâchement » de la surveillance des frontières de la part des autorités marocaines. En « ouvrant les vannes », le Maroc souhaitait ainsi faire pression sur l’Espagne, où était hospitalisé un des leaders du Front Polisario, mouvement créé en 1973 et luttant pour l’indépendance du Sahara occidental.

Ainsi, après avoir décidé d’approfondir ses relations diplomatiques, commerciales et militaires avec l’Etat sioniste, en échange de la reconnaissance, par les Etats-Unis, de la souveraineté du Maroc sur le Sahara, Rabat comptait utiliser l’« arme migratoire » pour faire plier l’Espagne sur la question du Sahara.

Face à une Europe hantée par le spectre du « Grand Remplacement », le chantage à « l’invasion migratoire » exercée par le Maroc semble avoir porté ses fruits.

En effet, en mars 2022, le premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, adressait une lettre au roi Mohamed VI dans laquelle il annonçait, contre toute attente, que l’Espagne, ancienne puissance coloniale ayant occupé le Sahara jusqu’en 1975, était désormais disposée à accepter la « solution marocaine » sur le conflit du Sahara, c’est-à-dire l’autonomie du Sahara dans le cadre d’une intégration au royaume du Maroc, en lieu et place d’un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui historiquement soutenu par Madrid.

En échange de ce revirement historique, Pedro Sanchez proposait au Maroc de renforcer la coopération des deux pays sur « les défis communs, en particulier la gestion des flux migratoires en Méditerranée […] dans le but de garantir la stabilité et l’intégrité territoriale de nos pays ». 

Le Maroc pouvait ainsi rejoindre la place assignée par l’Union Européenne aux pays acceptant une telle «coopération» : celui de sous-traitant du sale boulot répressif lié à la construction de l’Europe forteresse. «Des Africains pour réprimer d’autres Africains pour le compte de l’Europe et sur le continent africain » telle est la logique sous-jacente aux politiques migratoires européennes.

Les migrants constituent ainsi une monnaie d’échange dans les relations entre l’Espagne et le Maroc.

Il était indispensable de rappeler ces éléments de contexte pour comprendre la tragédie qui s’est récemment déroulée à Melilla.

 « Xénophobie Business »

Le 24 juin dernier, plusieurs dizaines de migrants ont trouvé la mort en essayant de traverser la clôture séparant le Maroc et l’Espagne.  

Comme l’a fort justement souligné le géographe et géopolitologue Stéphane Rosière, la barrière de séparation entre le Maroc et l’Espagne à Melilla symbolise « un ordre mondial asymétrique et coercitif dans lequel une minorité s’arroge un droit exclusif à la mobilité et tente de confisquer ce droit à une majorité, plutôt pauvre, et dépourvue de réelles perspectives de développement économique ».  

Du côté des autorités marocaines et espagnoles, on dénonce les violences provoquées par certains migrants ainsi que des attaques contre leur « intégrité territoriale », comme pour mieux occulter le caractère criminel et meurtrier des politiques migratoires mises en œuvre par l’Union Européenne, avec la complicité de certains Etats Africains.

Les migrations vers l’Europe sont avant tout causées par la guerre et la pauvreté. Or, loin de s’attaquer à ces causes, plusieurs Etats de l’Union Européenne s’attachent à les aggraver en prenant une part active dans guerres impérialistes (comme la destruction de la Libye en 2011) ou encore en imposant aux pays africains des accords dits de « partenariat économique », mais qui sont en réalité de véritables accords d’« assassinat économique » contribuant à renforcer la paupérisation des populations dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne et, ce faisant, les migrations vers l’Europe.

Malgré la multiplication des tragédies vécues par les migrants, dont plusieurs milliers trouvent la mort chaque année en essayant de traverser la mer Méditerranée ou en essayant de franchir des barrières construites aux frontières de l’Union européenne (comme celle de Melilla), le « xénophobie business »   aux portes de l’Europe s’est intensifié. Et pour cause : ce business profite à plusieurs types d’acteurs, à savoir :

– Certaines personnalités et formations politiques qui ont fait de la lutte contre « l’invasion migratoire » et le pseudo « Grand Remplacement », un fonds de commerce inépuisable.  

– Le « complexe sécuritaro-industriel » formé par des acteurs publics mais aussi et surtout les entreprises privées, spécialistes de la vente d’armes. En effet, il convient de rappeler que les principaux bénéficiaires des contrats de sécurisation des frontières sont également de gros vendeurs d’armes…

– Les réseaux criminels de passeurs et de trafiquants d’êtres humains

– Plusieurs Etats Africains qui ont fait des migrations une arme de pression diplomatique (à l’image du Maroc) et/ou une source de manne financière (comme le Rwanda de Kagame qui a récemment signé un accord avec le gouvernement britannique dans ce sens), sur le dos des migrants.

Face à la persistance de ce « xénophobie business » sur les deux rives de la méditerranée, le FUIQP réitère la nécessité de renforcer le front anti-impérialiste dans les pays d’origine et les pays d’accueil des migrants.

Le FUIQP présente ses plus sincères condoléances aux familles des migrants ayant trouvé la mort lors de la tragédie de Melilla et dénonce les politiques migratoires criminelles et meurtrières mises en œuvre par l’Union Européenne, avec la complicité de certains Africains.

Le FUIQP salue également l’action des associations et collectifs qui, au Maroc et en Espagne, se mobilisent pour défendre les droits et la dignité des migrants.

S’unir pour ne pas subir !

Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires (FUIQP)