Nous, collectif de personnes racisées, avons participé à la réunion inter-orgas du 12 sept, en vue de préparer la manifestation du 23 septembre à la suite de l’appel national à se mobiliser contre les crimes policiers et le racisme
Nous étions enthousiastes à l’idée de former un front unitaire contre le racisme d’état, mais surtout de dénoncer une énième loi islamophobe interdisant à des jeunes filles de porter la abaya ou tout autres vêtements pouvant affirmer leur islamité.
Dès le début de cette réunion, nous avons compris très vite, qu’une fois de plus, notre présence ne servait qu’à cautionner leur action antiraciste.
La disposition de la salle en témoignait : Toutes les personnes racisées étaient debout dos au mur ou dans le meilleur des cas, assises sur des tables, derrière les militant.es blanc.hes assises en 1ère ligne autour de la table.
Cette scène digne d’un tableau colonial n’a interpellé personne.
Tandis que leurs principales préoccupations se focalisaient sur le trajet ou l’heure de la manifestation, avec des propositions hors sol et un fantasme sur les « quartiers populaires », le Collectif des Femmes Musulmanes, le FUIQP et les FRAP ont recentré le débat sur les véritables enjeux politiques de cette manifestation.
Nous avons demandé à ce que nos collectifs prennent la tête du cortège avec nos banderoles afin de donner une visibilité aux femmes musulmanes, aux jeunes filles harcelées politiquement et médiatiquement depuis la rentrée, aux personnes sans-papier, mal-logées et toutes les personnes racisées subissant au quotidien racisme, islamophobie, sexisme et répression.
Nous pensions que cette proposition évidente et légitime au plus haut point, serait validée à l’unanimité.
Nous avons reçu pour toute réponse, une avalanche de propos à la fois méprisante, violente, raciste, sexiste et islamophobe.
« mettre les femmes musulmanes devant, c’est invisibiliser les blancs » (citation prise dans le compte-rendu officiel de la réunion).
De la CGT à la CNT, du PCF au NPA, d’Exctinction rébellion à l’Action Antifasciste, en passant par les syndicats étudiants et les organisation politiques « anticapitalistes, antifascistes et révolutionnaires », personne n’a stoppé les propos violents, ni dénoncé les intimidations et donné une réponse claire aux femmes musulmanes. Aucun n’a eu ni la volonté politique ni le courage d’assumer une position de soutien à un collectif de femmes musulmanes.
Seuls les quatre collectifs féministes présents ont soutenu notre demande.
Les militant.es blancs présents parlaient de notre positionnement dans le cortège comme si nous étions une variable d’ajustement à la leur disposition. Tout comme leurs ancêtres, ils s’autorisent à disposer de nos corps comme bon leur semble.
Face aux hurlements des uns et au silence complice des autres, nos trois collectifs ont quitté la réunion.
Évidemment, nous ne porterons pas la banderole de la CGT avec vos membres noirs et arabes que vous mettrez devant pour soulager votre conscience. Et non, nous ne seront pas vos arabes et noirs de services qui vous légitimeront.
Depuis des décennies ces organisations, de la gauche à l’extrême gauche, des partis politiques aux syndicats s’approprient nos luttes antiracistes, les vident de leurs sens et les gardent sous contrôle.
Ce sabotage d’une part, a pour seul objectif de préserver leurs privilèges blancs. Privilèges dont ils ont fermement nié l’existence durant cette réunion. D’autre part de tenir sous tutelle les collectifs antiracistes racisés, car ils n’acceptent pas l’autonomie de nos luttes et de modes d’organisation.
Ces stratégies destructrices et cette violence témoignent de l’impossibilité aujourd’hui à Grenoble de lutter avec ces organisations blanches.
Les luttes antiracistes doivent être portées par les personnes racisées, seuls à définir leur mode d’organisation et leur agenda de lutte.
Les personnes non concernées ne peuvent être que soutenantes ou alliés.
Malcom X disait : « Personne ne peut vous donner l’égalité et la justice, c’est à vous de la prendre »
Il est donc urgent que nous nous organisions entre nous et pour nous.
C’est pourquoi nous lançons un appel à tous nos camarades racisé.es
pour participer à la première
Assemblée Antiraciste des personnes racisées
ce samedi 23 septembre à 16h30 au jardin de ville.
Collectif des Femmes Muslmanes
Féministes Racisées Anti-Patriarcat (FRAP)
FUIQP – Grenoble