Contre le racisme systémique et les violences policières

Conférence de presse pour la marche unitaire du 23 septembre

Le Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires (FUIQP) est une organisation politique à vocation nationale

Malheureusement, le racisme systémique et les violences policières qui en sont l’expression la plus brutale, ne sont pas nés en juin 2023. Depuis des décennies, les personnes non-blanches qui vivent en France, subissent ce racisme trouvant ses racines dans l’histoire coloniale.

En effet, lorsque nous parlons de racisme systémique nous parlons d’abord d’un système de domination qui rabaisse des femmes et des hommes au rang de sous-homme dont la vie ne possède pas de valeur.

Déshumanisées, les personnes non-blanches peuvent être discriminées, violentées et assassinées. Une fois mortes, la déshumanisation se poursuit par un déni de justice et par l’oubli.

Cette analyse nous permet d’établir un fil conducteur historique entre les massacres coloniaux et les crimes policiers qui frappent nos frères et sœurs des quartiers populaires.

Le racisme systémique est d’abord marqué par sa permanence.

Ainsi, des massacres du 17 octobre 1961 à Paris à l’assassinat de Nahel Merzouk en passant par les meurtres racistes de l’été 1973 et les multiples morts sous les balles et les coups de la police nationale, il y a une permanence du racisme dans son expression la plus violente : celle qui ôte la vie de femmes et d’hommes déshumanisés.

Ajoutons à cela le traitement et l’empoissonnement des colonies d’outre-mer, les guerres et l’appauvrissement des peuples en Afrique et le traitement immonde et meurtries des migrants Africains.

Alors nous qui sommes issus de cette histoire faite de sang et de larmes,  nous n’oublierons jamais les noms de Fatima Bedar, de Mohamed Diab, de Lahouari Ben Mohamed, de Youcef Kaïf, d’Aïssa Ihich, de Makomé M’Bowolé, de Lamine Dieng, d’Adama Traoré, de Nahel Merzouk et de tous les autres.

Face à ces expressions les plus violentes du racisme systémique qui frappe nos sœurs et nos frères, nous nous sommes trop souvent retrouvés seuls pour mener le combat pour la justice et la vérité ; c’est-à-dire contre la déshumanisation des uns pour permettre des privilèges à d’autres.

Cet isolement face au racisme systémique et aux discriminations fut à l’origine de la nécessité pour nous de nous auto-organiser afin de lutter pour une société plus juste et plus égalitaire. Le Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires est directement issu de cette histoire et veut continuer à en porter les combats en partenariat avec d’autres.

Aujourd’hui, la situation a évolué en France. La gauche sociale et politique nous rejoint dans cette lutte contre le racisme systémique. Nous saluons cette avancée mais nous espérons qu’elle ne sera pas un coup d’épée dans l’eau.

En effet, face à la permanence du racisme qui fait le lit de la fascisation, pour servir le capitalisme, il est nécessaire d’avoir une permanence des politiques antiracistes qui doivent nécessairement s’inscrire dans la durée.

Cette nécessité est d’autant plus importante que la réponse d’Emmanuel Macron aux révoltes qui ont suivi le meurtre de Nahel Merzouk, a été énoncée à la fin de l’été : une politique de « recivilisation » des « hordes sauvages » peuplant les banlieues.

Par ce vocabulaire directement emprunté au langage colonial raciste du XIXe siècle – la « mission civilisatrice », si chère à Jules Ferry –, le Président de la République veut ouvrir un nouveau chapitre des politiques racistes auxquelles il a déjà largement contribué, notamment au travers par exemple de la loi sur le séparatisme.

Les premiers effets concrets de cette politique de « recivilisation » se sont déjà faits sentir par les mesures islamophobes de Gabriel Attal contre l’abaya qui fait de chaque élève identifiée comme musulmane une potentielle suspecte.

Il semble évident que ce ciblage des élèves musulmanes n’est qu’un premier coup pour tester nos capacités de résistance face aux mesures racistes qui vont être mises en place dans le cadre de cette politique globale de « recivilisation ». Car la « recivilisation » n’est autre que le renforcement du racisme d’Etat face aux revendications égalitaires de celles et ceux qui subissent directement le racisme.

Aussi, nous, Front des Immigrations et des Quartiers Populaires, appelons toutes celles et tous ceux qui sont attachés au combat pour la justice et l’égalité à s’engager dans la durée pour faire front contre le racisme systémique, dont l’islamophobie est un élément central, les violences policières et les politiques de « recivilisation ».

Nous, FUIQP, exigeons : qu’il n’y ait plus un seul mort dans nos quartiers sous les coups ou les balles de la police nationale ; que cette police nationale soit refondée ; que les personnes condamnées après les révoltes ayant suivi le meurtre de Nahel Merzouk soient amnistiées ; que les lois et mesures racistes soient abolies, à commencer par la loi séparatisme.

Afin de mener ces combats, nous, FUIQP, nous appelons les personnes victimes de racisme à s’organiser localement et nationalement pour construire une communauté de destin qui conjugue égalité, liberté, antiracisme. Cette perspective doit se construire ensemble dans l’unité.

Sans lutte et sans organisation, nous ne pourrons jamais faire reculer le racisme qui structure la société dans laquelle nous vivons.

D’ores et déjà, le FUIQP vous donne rendez-vous à Marseille les 29 et 30 septembre afin de commémorer les meurtres racistes de l’été 1973 et le départ de la Marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983.

La lutte pour l’égalité et contre le racisme est une lutte de longue haleine. Et nous marcherons jusqu’à la victoire !

S’unir pour ne pas subir !

Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires

13/09/2023