Depuis plusieurs années, le Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires (FUIQP) organise des balades décoloniales afin de remettre en cause la mémoire coloniale qui s’affiche ostensiblement dans nos villes en passant sous silence les crimes coloniaux. A travers ces balades, il s’agit également de remettre à l’honneur les luttes des peuples colonisés qui ont toujours résisté à l’oppression qu’ils subissaient.
Cette année, les organisations solidaires du peuple palestinien ont décidé de mettre à l’honneur de la balade décoloniale la résistance du peuple palestinien ; ce peuple qui vit sous le joug de la domination coloniale depuis l’instauration du mandat britannique en 1920. La colonisation de la Palestine a été accentuée par la création de l’État d’Israël en 1948, avec l’appui des grandes puissances de l’époque.
La création de cet État colonial a été accompagnée par un nettoyage ethnique de la Palestine avec l’expulsion de leurs terres d’environ 800 000 palestinien-ne-s (entre 85 et 90 % de la population) et par la destruction de plus de 500 villes, villages et hameaux. Cette tragédie est restée dans la mémoire palestinienne et arabe sous le vocable de nakba (catastrophe).
La nakba a été suivie d’une deuxième catastrophe, la défaite de juin 1967, appelée naksa, qui provoqua un nouvel exode de 300 000 palestinien-ne-s de Cisjordanie (y compris la partie orientale de Jérusalem, al-Quds) et de la bande de Gaza. A partir de 1967, la totalité de la Palestine historique était passée sous le contrôle d’un État colonial qui avait également annexé le Sinaï égyptien et le Golan syrien.
Face à cette domination coloniale, le peuple palestinien, qu’il se trouve dans les territoires de 1948, en Cisjordanie (y compris al-Quds), à Gaza, en exil dans les pays voisins (Jordanie, Liban, Syrie) ou ailleurs dans la diaspora, n’a jamais cessé de résister, sous différentes formes, aux politiques et pratiques iniques de la puissance occupante.
Depuis les années 1950, la formidable résistance du peuple palestinien a inspiré plusieurs générations de combattants anticolonialistes et anti-impérialistes. De Malcolm X à Hugo Chavez, de Georges Ibrahim Abdallah à Desmond Tutu, en passant par Mohamed Ali, nombreux sont les combattants et combattantes de la liberté qui n’ont cessé de manifester leur soutien au peuple palestinien et de nous rappeler que la libération du peuple palestinien des griffes du colonialisme israélien est une étape essentielle dans la longue marche des peuples opprimés vers l’émancipation.
La question palestinienne figure également au cœur des luttes autonomes des immigrations (post)coloniales en France depuis près d’un siècle. De l’Étoile Nord-Africaine qui, dès l’entre-deux-guerres, soutenait la lutte du peuple palestinien contre la domination britannique et la colonisation sioniste, à la « bataille de Barbès » en 2014, en passant par le Mouvement des Travailleurs Arabes (MTA) dans les années 1970, ou encore le Mouvement de l’Immigration et des Banlieues (MIB) qui a porté la Campagne pour le droit au retour de 1998 à 2003, la Palestine a toujours été un axe structurant de nos luttes et d’affirmation de notre autonomie vis-à-vis des organisations de la gauche antiraciste traditionnelle.
Depuis plusieurs années, la politique coloniale de répression à l’encontre du peuple palestinien est également devenue un modèle pour les partisans radicalisés d’une gestion coloniale des banlieues. Ainsi en mai 2021, le syndicat France-Police revendiquait le « bouclage des 600 territoires perdus de la République, y compris avec le renfort de l’Armée, en contrôlant et en limitant les entrées et sorties de ces zones par des checkpoints sur le modèle israélien de séparation mis en place avec les territoires palestiniens ».
Parce que nos destins et nos luttes sont intimement liés, nous continuerons de soutenir la lutte du peuple palestinien contre l’oppression coloniale et pour sa libération nationale. Ainsi, à travers la balade décoloniale de cette année, nous, organisations solidaires du peuple palestinien, entendons faire vivre et transmettre la mémoire de la résistance du peuple palestinien et l’appui dont il bénéficie en France.
Dans cette perspective, nous appelons toutes les organisations et toutes celles et ceux qui ont la Palestine au cœur, à nous rejoindre afin de participer à la réussite de cette balade décoloniale aux couleurs de la Palestine.
En revanche, nous ne souhaitons pas que cette balade soit un évènement sans lendemain. En effet, la balade décoloniale doit s’inscrire dans la volonté de développer un travail sur le long terme ; un travail de développement d’espaces de solidarité avec le peuple palestinien sur le plan politique, culturel, humain, etc.
Nous souhaitons notamment axer cette solidarité sur le travail avec les enfants palestiniens victimes traumatismes coloniaux liés à l’occupation et à la répression vécus par le peuple palestinien.
Par cette initiative, les organisations solidaires du peuple palestinien souhaitent ainsi œuvrer concrètement au rapprochement entre les habitants des quartiers populaires en France et le peuple palestinien, qu’il se trouve dans les territoires de 1948, en Cisjordanie ou à Gaza, ou en exil.
Tahya Falastin !
Vive la Palestine !
Vive la résistance du peuple palestinien !
Rendez-vous: dimanche 19 juin 2022 à 14h devant l’église Saint-Bernard (métro Barbès-Rochechouart) pour une balade décoloniale dans le XVIIIe arrondissement de Paris.
Signataires : Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires (FUIQP), Campagne Unitaire pour la Libération de Georges Abdallah, International Solidarity Movement (ISM-France), Association Nationale des Communistes (ANC), UL CGT Paris 18, Collectif La Chapelle Debout, Collectif Ivryens pour la Palestine, Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR), Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT), Collectif Boycott Apartheid Israël – Paris Banlieue, BDS France Paris Région Parisienne, Samidoun Région Parisienne, Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF)