Du gouvernement à l’Assemblée, le racisme comme ligne de conduite

Les jours et les semaines passent et le racisme continue d’être au cœur de la vie politique française. Est-ce étonnant ?

Evidemment non, car comme l’écrivait Frantz Fanon « une société est raciste ou ne l’est pas »[1]. Après cinq siècles de colonisation, la France, puissance coloniale s’il en est, ne peut être qu’une société raciste.

Présentant son projet de loi contre l’immigration, le ministre de l’Intérieur multiplie les déclarations anti-immigrées. Il s’est notamment vanté de vouloir « rendre la vie impossible » aux personnes sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français en les empêchant de bénéficier des prestations sociales ou d’un logement social. Les personnes menacées d’expulsion seraient également inscrites au « fichier de personnes recherchées », comme s’il s’agissait d’individus représentant un danger public.

Dans cette politique anti-immigration, Gérald Darmanin souhaite rétablir la double peine qui avait été en grande partie abolie suite au long combat des militants des immigrations et des quartiers populaires[2]. Il souhaite également instaurer « un examen de langue » pour tous les étrangers désirant obtenir un titre de séjour. En cas d’échec à l’« examen », les étrangers seraient expulsés.

Ces mesures anti-immigrés sont-elles étonnantes de la part d’un ministre de l’Intérieur du gouvernement d’Emmanuel Macron qui trouvait Marine Le Pen « trop molle »[3] car pas assez islamophobe à son goût ?

N’oublions pas que ces propos de Gérald Darmanin s’inscrivent dans une surenchère de déclarations et de politiques racistes des gouvernements successifs. 

C’est dans ce contexte où la mise à l’index des personnes non-Blanches s’exprime au sommet de l’Etat qu’est intervenue à l’Assemblée nationale l’interpellation négrophobe contre le député de la NUPES, Carlos Martens Bilongo, par le député du Rassemblement national (RN), Grégoire de Fournas.

« Qu’il retourne en Afrique » a aboyé le député d’extrême-droite la bave aux lèvres car, à ses yeux, un-e Noir-e ne saurait être à sa place à l’Assemblée nationale, voire même dans l’Hexagone.

Alors beaucoup condamneront, avec raison, ces déclarations négrophobes d’un élu d’extrême-droite. Toutefois, trop nombreux seront celles et ceux qui s’arrêteront à ces déclarations racistes en oubliant le racisme structurel entretenu au plus haut sommet de l’Etat pour préserver la suprématie blanche.

« Le racisme n’est pas une question d’attitude, c’est une question de pouvoir », expliquait déjà Stokely Carmichael.

Le Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires (FUIQP) condamne fermement les beuglements racistes du député RN, Grégoire de Fournas. Il exprime également son soutien sans faille à Carlos Martens Bilongo face à ces attaques négrophobes.

Néanmoins, le FUIQP n’oublie pas que ces aboiements racistes ne sont possibles que parce que le racisme structure la société française. Notre combat doit donc porter en premier lieu contre le racisme structurel qui rend possible toutes les autres expressions du racisme.

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Communiqué du Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires

4/11/2022


[1] Frantz Fanon, « Racisme et culture », septembre 1956, in. Pour la révolution africaine, Ecrits politiques, Ed. La Découverte, 2001, page 48

[2] Notamment le Comité national contre la double peine et le Mouvement de l’Immigration et des Banlieues (MIB).

[3] Débat télévisé de février 2021.

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